Le Burundi ne fait peut-être plus les grands titres des médias internationaux, pourtant les
meurtres, les disparitions et les tortures se poursuivent sans répit et les responsables ne sont
pas inquiétés. C’est pourquoi il est essentiel que les membres du Conseil des droits de
l’homme des Nations Unies, qui se réunissent à Genève cette semaine, adoptent une
résolution forte face à la crise des droits humains croissante qui frappe le pays.
La résolution proposée s’appuie sur un rapport marquant établi par une équipe d’enquête
indépendante des Nations Unies qui a constaté que « des violations graves des droits de
l’homme ont été et sont commises principalement par des agents de l’État et ceux qui sont
liés à eux ». Décrivant les violations comme « systématiques et constantes », ce rapport
constitue un signal d’alarme.
Cependant, le gouvernement burundais continue de nier catégoriquement la gravité de la
situation, malgré les nombreuses preuves avancées par l’ONU, par Human Rights Watch et
par les activistes burundais. Au Conseil des droits de l’homme de l’ONU cette semaine, le
ministre des Droits humains du Burundi, Martin Nivyabandi, a fermement rejeté le rapport
des enquêteurs des Nations Unies et, lors d’une allocution à l’Assemblée générale de l’ONU
à New York la semaine dernière, le ministre burundais des Relations extérieures, Alain
Nyamitwe, a d’abord déclaré : « Je me tiens devant vous aujourd’hui pour réitérer
l’engagement inébranlable du Burundi en faveur des droits humains », avant toutefois de
« rejeter catégoriquement les rapports délibérément et politiquement exagérés sur les
présumées violations des droits humains au Burundi ».
Le refus du gouvernement burundais de reconnaître la crise des droits humains est
profondément inquiétant. Plus le gouvernement tente de couvrir les abus étatiques dont le
nombre ne fait que croitre, plus le scepticisme grandit quant à sa volonté de traduire les
responsables en justice.
Il est important de continuer à documenter les abus au Burundi, mais l’intensification
observée depuis 2015 montre qu’une action supplémentaire est nécessaire. La priorité doit
être de mettre fin à l’impunité au coeur de cette crise.
L’équipe d’enquête des Nations Unies a proposé qu’une commission d’enquête soit
« mandatée pour déterminer les responsabilités individuelles ». Human Rights Watch
soutient pleinement cette proposition, étant donné que le système judiciaire burundais n’a pas
su rendre une justice digne de foi.
Tous les États devraient appuyer la résolution du Conseil des droits de l’homme en faveur
d’une commission d’enquête sur les crimes commis au Burundi depuis avril 2015. Non
seulement cela enverrait un signe sans équivoque de solidarité avec les nombreuses victimes,
mais cela leur offrirait également l’espoir, qu’un jour, justice sera faite.
Cet article a été publié par Human Rights Watch.