Une activiste d'opposition au Rwanda, Illuminée Iragena, est portée disparue depuis six mois et ses proches craignent qu'elle ne soit détenue illégalement, voire qu'elle soit morte en détention, a annoncé jeudi Human Rights Watch (HRW).
Illuminée Iragena est membre des Forces démocratiques unifiées (FDU), le parti de l’opposante emprisonnée Victoire Ingabire. Cette formation n'est pas reconnue légalement par les autorités.
L'activitiste a quitté sa maison, dans le district de Gasabo, à la périphérie de Kigali, le 26 mars pour se rendre à l'hôpital où elle travaille comme infirmière. Mais elle n'y est jamais arrivée et n'a plus été vue depuis, a indiqué l'organisation de défense des droits de l'Homme dans un communiqué.
Sa famille a demandé à la police d’enquêter, mais n'a pas reçu de réponse officielle, selon HRW, qui explique que ses proches craignent qu’elle n’ait été "détenue illégalement et torturée".
Certains renseignements non confirmés donnent à penser qu’elle serait morte, ajoute HRW, qui précise toutefois n'avoir "pas été en mesure de vérifier ces informations".
Mme Iragena rendait régulièrement visite en prison à Victoire Ingabire, laquelle purge à Kigali une peine de 15 ans de prison pour "conspiration contre les autorités par le terrorisme et la guerre", "minimisation du génocide de 1994" contre les Tutsi et "propagation de rumeurs dans l'intention d'inciter le public à la violence".
"Le gouvernement rwandais devrait intensifier ses efforts pour déterminer ce qui est arrivé à Illuminée Iragena", a plaidé Daniel Bekele, directeur pour l'Afrique à HRW.
"Si elle est en détention, les autorités devraient révéler où elle se trouve, et soit l’inculper et la juger rapidement, soit la libérer. Si elle est morte, elles devraient rendre publiques les circonstances de son décès", a-t-il ajouté.
Régulièrement salué pour sa stabilité et ses performances économiques, le Rwanda est cependant pointé du doigt pour son manque d'ouverture politique.
Plusieurs partis d'opposition ne sont pas reconnus par les autorités, qui les considèrent comme des ennemis de l'Etat ou les accusent d’être proches de personnes accusées d’avoir participé au génocide de 1994, qui a fait environ 800.000 morts essentiellement parmi la minorité tutsi.
HRW dit avoir documenté plusieurs cas de disparitions et d'arrestations politiquement motivées au Rwanda.
L'ONG estimait en février que "la plupart des personnalités en vue de l'opposition ont quitté le pays, ont été emprisonnées ou ont abandonné leurs activités politiques après avoir fait l'objet de menaces répétées, d'intimidations ou de harcèlement".