Un universitaire et ancien dirigeant syndical rwandais, recherché depuis 12 ans pour son implication présumée dans le génocide de 1994, a été extradé mercredi des Etats-Unis vers le Rwanda, a-t-on appris jeudi sur le site internet du Parquet général rwandais.
Le linguiste rwandais Léopold Munyakazi, originaire de Gitarama (centre du Rwanda) et diplômé d’une université française, est arrivé à l’aéroport de Kigali mercredi soir à bord d’un vol charter américain, selon cette source.
M. Munyakazi, qui nie avoir participé au génocide, était détenu dans une prison de l'Etat d’Alabama aux États-Unis, après le rejet de sa demande d’asile dans ce pays où il était rentré en 2004.
L'universitaire est soupçonné d'être impliqué dans le génocide de 1994 au Rwanda qui avait fait environ 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi, selon l’ONU.
Aujourd’hui âgé de 65 ans, M. Munyakazi était en 1994 secrétaire général de la Centrale syndicale des travailleurs du Rwanda (CESTRAR), après avoir été professeur de linguistique à l’Université nationale du Rwanda.
Il avait d'abord été détenu dans une prison rwandaise pour participation présumée au génocide, avant d'être relâché par les autorités et de gagner les Etats-Unis, où il avait demandé l’asile tout en enseignant le français dans des écoles et universités.
Kigali avait émis deux mandats d’arrêt à son encontre en 2006 et 2008. Il avait jusqu’ici pu s’opposer à son extradition, en arguant qu’il était poursuivi pour ses opinions politiques hostiles au régime de l'actuel président Paul Kagame.
Le Parquet général rwandais conteste sa version et le poursuit pour génocide, entente en vue de commettre le génocide, et crimes contre l'humanité.
Léopold Munyakazi est le plus connu et le plus haut placé des quatre Rwandais extradés à ce jour par les Etats-Unis pour leur implication présumée dans le génocide.
Une dizaine de Rwandais accusés de participation au génocide ont déjà été renvoyés à Kigali, principalement en provenance des Etats-Unis, du Canada, de l’Ouganda et du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qui a fermé ses portes fin 2015.
Pour leur part, les pays européens sont, dans leur ensemble, encore réticents à extrader des Rwandais vivant sur leur territoire, car ils doutent qu’ils puissent être jugés équitablement dans leur pays.