Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a estimé mardi que la "tragédie" qui se déroule dans la ville syrienne d'Alep nécessite la limitation "sans délai" du droit de veto des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.
"Je suis fermement convaincu (...) que le Conseil de sécurité des Nations unies devrait, sans délai, adopter des critères pour empêcher ses membres d'utiliser leur veto lorsqu'il existe des préoccupations graves quant à de possibles crimes de guerre, crimes contre l'humanité ou génocide", a déclaré M. Zeid, dans un communiqué.
Les membres du Conseil ayant un droit de veto sont les cinq membres permanents: Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne.
"Cette initiative cruciale permettra au Conseil de sécurité des Nations unies de renvoyer la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale", a-t-il expliqué.
"Un tel renvoi serait plus que justifié au regard de l'impunité endémique et profondément choquante qui caractérise le conflit et de l'ampleur des crimes commis, dont certains pourraient constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité", a-t-il dit.
Face aux crimes commis en Syrie, le Haut-Commissaire et la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie ont demandé à plusieurs reprises la saisine de la Cour pénale internationale par le Conseil de sécurité. Cette hypothèse reste peu vraisemblable car le Conseil reste divisé, la Russie continuant de protéger son allié syrien.
Un porte-parole de M. Zeid, Rupert Colville, a toutefois estimé mardi "réaliste" une limitation du veto, soulignant que la France avait déjà lancé l'idée d'une telle limitation dans le cas des crimes de guerre.
"N'oublions pas que la destruction de villes telles que Varsovie, Stalingrad et Dresde, et l'horreur infligée aux civils, ont grandement contribué à la création des Nations unies. Nous ne pouvons pas nous permettre d'échouer à Alep", a averti le Haut-Commissaire.
"Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à faire défaut aux milliers d'enfants pris au piège dans cette ville, dans l'attente d'un massacre", a-t-il dit, notant que depuis le 21 septembre des centaines de civils ont été tués, parmi lesquels au moins 100 enfants.
"Depuis le lancement de la nouvelle offensive contre les quartiers tenus par l'opposition dans l'est d'Alep par le gouvernement syrien et ses alliés, des images de souffrance et de mort envahissent nos écrans. Face à une avalanche aussi effroyable de violence et de destruction, des mesures extraordinaires doivent être prises", a-t-il insisté.
Cette demande intervient alors que les Etats-Unis ont suspendu lundi leurs pourparlers avec la Russie sur un cessez-le-feu en Syrie, après la destruction totale du plus grand hôpital du secteur rebelle d'Alep dans un bombardement aérien.