La Cour pénale internationale a réduit vendredi la peine de l'ex-chef de milice congolais Germain Katanga à 8 ans et 4 mois de prison, notamment pour sa bonne conduite lors de son procès et en détention, et indiqué qu'il serait dès lors libéré le 18 janvier.
Surnommé Simba (le lion) pour sa férocité lorsqu'il était à la tête de sa milice, M. Katanga, 37 ans, avait été condamné en 2014 à 12 ans de prison pour sa complicité dans l'attaque d'un village du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) ayant fait environ 200 morts.
Les juges ont "noté que M. Katanga avait à plusieurs reprises et publiquement assumé sa responsabilité pour les crimes pour lesquels il a été condamné, et exprimé ses regrets pour le préjudice causé aux victimes par ses actes", a indiqué la CPI dans un communiqué.
Ils ont également remarqué "la volonté de M. Katanga, dès le début et de façon continue, de coopérer avec la Cour dans ses enquêtes et poursuites", ainsi que "le comportement de M. Katanga en détention, qui a démontré qu'il désavoue ses crimes".
Selon les règles de la Cour, les personnes condamnées ayant purgé les deux tiers de leur peine peuvent en demander la réduction aux juges. Le temps passé en détention avant le jugement est déduit de la peine.
Germain Katanga, transféré en 2007 à la CPI, avait plaidé pour sa libération anticipée début octobre, exprimant des "regrets" ainsi que de la tristesse pour les victimes de ses crimes. Il avait dit vouloir devenir agriculteur en Ituri, dans le nord-est de la RDC.
Les juges ont aussi souligné que le père et le frère aîné de M. Katanga étaient "récemment décédés", et que ce dernier est désormais l'homme plus âgé de sa famille.
Il doit à ce titre assumer "les responsabilités lui incombant au sein d'une société africaine", à savoir soutenir non seulement sa "famille immédiate", mais aussi les enfants de son frère décédé, selon les juges.
- Crimes contre l'humanité -
"Les juges ont par ailleurs considéré que la libération anticipée de M. Katanga pourrait donner lieu à une certaine instabilité sociale en RDC, mais n'ont pas trouvé de preuve suggérant que cela serait d'un niveau significatif", a conclu la CPI.
L'organisation de défense des droit de l'Homme Human Rights Watch a toutefois estimé vendredi dans un communiqué que la CPI avait "la responsabilité de surveiller la situation sécuritaire et de s'assurer que les victimes, témoins et intermédiaires qui ont été impliqués dans le procès de Katanga sont en sécurité".
"La CPI devrait clairement expliquer cette décision (de libération anticipée) aux communautés affectées et préparer le retour de Katanga en RD Congo, prévu pour janvier 2016", ajoute HRW.
Un appel contre la réduction de peine n'est pas possible, a par ailleurs assuré à l'AFP un porte-parole de la CPI, mais l'accusation avait d'ores et déjà déclaré en octobre ne pas être opposée à une libération anticipée.
La CPI avait jugé en mars 2014 que Germain Katanga s'était rendu coupable de complicité de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.
Il est la deuxième personne condamnée par la CPI, entrée en fonction à La Haye en 2003, le premier ayant été l'ex-chef de milice congolais Thomas Lubanga, condamné à 14 ans de prison en 2012 pour l'enrôlement d'enfants soldats.
Selon les juges, il avait facilité et coordonné l'approvisionnement en armes des membres de sa milice qui avaient attaqué le 24 février 2003 le village de Bogoro, tuant 200 personnes environ, par balle ou à la machette.
L'ex-chef de milice Mathieu Ngudjolo Chui avait lui été acquitté en décembre 2012 pour la même attaque, verdict confirmé en appel.
Germain Katanga était le commandant des Forces de résistance patriotiques en Ituri (FRPI), une milice créée fin 2002 avec un soutien ougandais.
De nombreux membres des FRPI, des ethnies lendu et ngiti, sont soupçonnés d'avoir participé à des massacres à caractère ethnique dirigé contre des Hema, une autre ethnie de la région.