De nombreux pays d'Afrique, dont certains eux-mêmes frappés par l'extrémisme islamiste, ont exprimé samedi leur solidarité avec la France après les attentats de Paris qui ont fait au moins 128 morts et appelé à renforcer la coopération internationale contre le terrorisme.
L'Algérie a qualifié ces attentats de "véritables crimes contre l'humanité" mais les réactions les plus fortes sont venues du Nigeria, du Kenya, victimes respectivement du groupe Boko Haram et des shebab somaliens, et de la Tunisie, frappée deux fois en quelques mois par des attentats meurtriers.
Les attentats ont été revendiqués par l'Etat islamique, en représailles aux frappes françaises en Syrie. La France participe aussi à la lutte contre les jihadistes dans le nord du Mali.
Le président malien Ibrahim Boubacar Keita a fait observer une minute de silence à la mémoire des victimes, affirmant dans un message sur Twitter que "les auteurs des attentats odieux (de Paris) n'ont rien à voir avec l'islam".
Au Nigeria, le président Muhammadu Buhari s'est dit "très choqué et profondément attristé en apprenant que des innocents avaient été victimes d'attentats terroristes haineux et lâches". Ces attentats "représentent une insulte inacceptable à toutes les valeurs humaines et aux normes de la civilisation", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Il a appelé "toutes les nations éprises de paix dans le monde à intensifier la coopération multilatérale et la collaboration au niveau de l'action pour mettre rapidement fin au fléau du terrorisme international".
Le Nigeria affronte depuis six ans les islamistes armés de Boko Haram dont l'insurrection a fait quelque 17.000 morts.
Au Kenya, le président Uhuru Kenyatta a assuré la France de sa solidarité.
"Les Français ont rendu célèbre l'appel +Liberté, Egalité, Fraternité+ qui reflète les valeurs communes que les Kényans partagent avec eux et qui sont attaqués par les terroristes, à Paris et à travers le monde", a-t-il dit.
"Ces ennemis de l'humanité (...) tentent de justifier le meurtre d'innocents par une foi pervertie, ils rejettent l'acceptation de la diversité des croyances et des cultures dans une humanité commune, préférant une identification étroite, intolérante et haineuse", a-t-il lancé.
- 'Le monde doit s'unir' -
Depuis que son armée est entrée en octobre 2011 en Somalie pour combattre les shebab, le Kenya a été le théâtre régulier d'attaques, dont plusieurs de grande ampleur, au centre commercial Westgate de Nairobi (au moins 67 morts), dans les localités de la région côtière de Lamu (une centaine de morts) ou encore à l'université de Garissa (148 morts).
Le président somalien Hassan Sheikh Mohammud, a rappelé que son pays connaissait "les souffrances qui accompagnent ces actes barbares". "Le monde doit s'unir contre ceux qui sèment la sauvagerie au nom de la foi, a-t-il ajouté. Leurs actes travestissent l'islam et l'humanité".
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a rappelé de son côté que son pays avait été confronté "à la même situation" lors des attentats au musée du Bardo à Tunis en mars puis dans un hôtel de Sousse en juin, qui ont fait 60 morts au total.
Il a appelé "tous les peuples épris de liberté à coordonner leurs efforts contre ce mal", alors qu'au moins deux Tunisiennes figurent parmi les tués des attentats de Paris.
L'Algérie, théâtre dans les années 1990 d'une guerre civile entre groupes islamistes armés et forces de l'ordre qui a fait 200.000 morts, a dénoncé un "véritable crime contre l'humanité".
"Le terrorisme est un fléau transfrontalier qui appelle une réaction solidaire de toute la communauté internationale", a dit le président Abdelaziz Bouteflika dans un message à son homologue français François Hollande.
Même indignation de la part de l'Union africaine après ces "actes abjects et barbares" ainsi qu'en Guinée, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Gabon et en Mauritanie. En Afrique du sud, le président Jacob Zuma a assuré que son pays était "aux côtés du reste de la communauté internationale dans sa condamnation des attentats qui ont visé des civils innocents".
"C'est le monde entier qui a été atteint", a assuré le président ivoirien Alassane Ouattara tandis que son homologue guinéen Alpha Condé appelait à la lutte antiterroriste "pour le triomphe d'un monde de paix, de liberté et de tolérance".
Sur Twitter, le président du Gabon Ali Bongo a exprimé "toute (sa) solidarité au peuple français".
"Face à l'horreur de ces actes qui touchent la France, ce sont tous les peuples libres du monde qui sont visés", a ajouté le président gabonais.