La Birmanie a cessé d'émettre des permis pour autoriser ses citoyens à travailler en Malaisie à la suite de propos du Premier ministre malaisien évoquant un "génocide" de la minorité musulmane rohingyas.
Le Premier ministre a également enjoint le prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi à agir. Depuis le début des violences, elle ne s'exprime presque pas sur le sujet, s'attirant les critiques de la communauté internationale mais préservant ainsi ses relations avec les militaires, qui échappent à son contrôle.
Les liens entre la Birmanie et la Malaisie se sont tendus ces dernières semaines depuis le début de l'opération militaire dans le nord-ouest de la Birmanie, qui a poussé de plus de 20.000 Rohingyas vivant dans cette région à fuir au Bangladesh.
Ces refugiés ont livré des récits des atrocités commises par l'armée: viols en réunion, tortures, meurtres et massacres. Cette vague de violences vient ternir l'image du gouvernement birman, dirigé de facto par Aung San Suu Kyi.
Mardi soir, le ministère de l'Immigration birman a annoncé qu'il avait cessé de délivrer de nouveaux permis pour ses ressortissants désirant aller travailler en Malaisie, destination très recherchée.
"La Birmanie cesse temporairement d'envoyer des travailleurs en Malaisie à partir du 6 décembre en raison de la situation actuelle en Malaisie", annonce un communiqué lapidaire.
Mercredi, la Birmanie a également officiellement convoqué l'ambassadeur malaisien.
La Malaisie accueille déjà des dizaines de milliers de travailleurs birmans, dont la plupart ont des emplois peu rémunérés dans les usines ou dans les industries de l'alimentation et de l'hôtellerie.
Dimanche devant une foule de 5.000 personnes, le premier ministre malaisien Najib Razak avait déclaré que le gouvernement d'Aung San Suu Kyi devait mettre un terme au "génocide" des Rohingyas et dénoncé la passivité de la communauté internationale.
"A quoi sert son prix Nobel à Aung San Suu Kyi?", a interrogé le chef du gouvernement malaisien.
Un représentant de l'ONU au Bangladesh a accusé la Birmanie d'avoir entrepris une campagne de "nettoyage ethnique".
L'armée birmane dément les accusations mais empêche dans le même temps journalistes étrangers et humanitaires d'accéder aux zones concernées.
Cette minorité musulmane perçue comme étrangère en Birmanie, bien que certains de ses membres y vivent depuis des générations. Leur citoyenneté n'est pas reconnue par ce pays à 95% bouddhiste. Ils vivent marginalisés, dans des conditions misérables.
Une montée de nationalisme bouddhiste en Birmanie ces dernières années a attisé l'hostilité à leur encontre.
En Etat Rakhine, ils sont des dizaines de milliers à vivre dans des camps depuis des violences intercommunautaires en 2012 entre bouddhistes et musulmans, qui avaient fait près de 200 morts.