L'ONU a mis en garde vendredi contre la lenteur de l'application de l'accord de paix en Colombie avec la guérilla marxiste des Farc, qui crée un "vide du pouvoir" susceptible d'être exploité par des gangs criminels.
Aux termes de l'accord conclu en novembre avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie pour mettre fin à plus d'un demi-siècle de conflit armé, les guérilleros des Farc doivent se regrouper dans 27 zones de Colombie pour y déposer progressivement les armes.
"Mais deux semaines après le lancement de ce processus, aucune de ces zones n'a été équipée pour les accueillir de façon appropriée", a déploré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme.
Elle a notamment cité l'accès limité à l'eau potable, à l'électricité, le manque de nourriture et de services de santé.
"L'expérience montre que les premiers jours de démobilisation sont les plus critiques pour convaincre les combattants de ne pas abandonner le processus de paix", a-t-elle dit.
"Alors que les guérilleros des Farc quittent les zones qui étaient traditionnellement sous leur contrôle, l'Etat ne s'y est pas encore totalement investi, laissant un vide du pouvoir", a souligné Mme Shamdasani. "Des groupes criminels armés s'affrontent pour prendre le contrôle d'activités économiques illégales dans ces zones."
Elle a noté que 61 meurtres visant principalement des activistes des droits de l'homme et des dirigeants sociaux avaient été commis dans les zones rurales, dont plus d'un tiers après la conclusion du premier accord de paix fin septembre.
Face à d'aussi nombreux défis, l'ONU encourage le gouvernement colombien à nommer un responsable de crise avec des pouvoirs suffisants pour régler les questions pratiques.
"Nous lançons également un appel pour une action immédiate, déterminée et visible de l'Etat sur le terrain afin d'assurer la sécurité et les services de base, et pour qu'il commence à appliquer tous les aspects de l'accord conformément aux promesses de paix pour la Colombie", a déclaré Mme Shamdasani.