Le sommet annuel de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui s'est ouvert samedi dans la capitale nigériane Abuja, doit se pencher sur l'impasse politique en Gambie, où le président Yahya Jammeh refuse de quitter le pouvoir malgré sa défaite électorale.
Onze chefs d'état ouest-africains - sur 15 pays membres - participent à ce 50e sommet, ouvert par le président nigérian Muhammadu Buhari. La Gambie, le Burkina Faso, le Cap Vert et le Bénin ne sont pas représentés à ce sommet.
La chef de l'Etat du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, présidente en exercice de la Cédéao, a souhaité que l'organisation recommande des mesures pouvant conduire à une issue rapide de la crise gambienne.
"Il est désormais important que la (Cédéao), lors de ce sommet, envisage des mesures à préconiser afin de résoudre ce problème avec succès avant le 19 janvier, date constitutionnelle à laquelle le quinquennat du président se termine", a souligné Mme Sirleaf dans son discours samedi.
"L'ONU reste préoccupé par certains développements inquiétants qui se sont déroulés pendant la période post-électorale en Gambie", "en particulier la prise de contrôle des locaux de la Commission électorale indépendante par l'armée gambienne", a de son côté déclaré le représentant de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, dans un communiqué avant ce sommet.
"Comme toujours, l'ONU continuera à soutenir vos efforts pour une passation de pouvoir pacifique, le 19 janvier 2017", a-t-il ajouté.
Dans une déclaration télévisée le 9 décembre, Yahya Jammeh, qui gouverne la Gambie d'une main de fer depuis 22 ans, a rejeté les résultats de l'élection du 1er décembre accordant la victoire à l'opposant Adama Barrow, une semaine après avoir pourtant reconnu sa défaite.
Mardi, une délégation de la Cédéao - conduite par Mme Sirleaf et comprenant M. Buhari, le président sierra-léonais Ernest Bai Koroma et le président sortant du Ghana John Mahama (récemment battu à la présidentielle dans son pays et qui a accepté sa défaite), s'est rendue en Gambie, mais a échoué à convaincre M. Jammeh de reconnaître sa défaite.
En outre, le jour même de cette visite, le parti de M. Jammeh a saisi la Cour suprême pour demander l'annulation des résultats accordant la victoire à M. Barrow.
L'Union africaine (UA), l'ONU, et des organisations locales et internationales des droits de l'homme ont exhorté le président Jammeh à céder le pouvoir.
Samedi, quelque 200 politiciens, défenseurs des droits de l'homme et représentants de la diaspora gambienne se sont réunis dans la capitale sénégalaise Dakar, pour réclamer une transition politique pacifique en Gambie.
"Nous appelons la Cédéao et la communauté internationale à s'assurer que ce choix (électoral) est respecté et de faire tout ce qui est en leur pouvoir afin que la transition démocratique ne soit pas entravée", selon un communiqué des organisations Amnesty international, Article 19 et Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme (RADDHO).
Ex-colonie britannique, la Gambie est totalement enclavée dans le territoire du Sénégal, à l'exception d'une façade sur l'Atlantique.