Les locaux du principal parti prokurde en Turquie ont été saccagés par des dizaines de manifestants à Kayseri, dans le centre du pays, peu après un attentat qui y a fait au moins 13 morts, attribué au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Les manifestants sont entrés dans l'immeuble où se situent ces locaux, jetant des papiers dans la rue et retirant le panneau du Parti démocratique des peuples (HDP) situé à l'entrée, selon des images de l'agence de presse Dogan.
Un groupe est ensuite monté sur le toit de l'immeuble, y a fait un feu et a déployé le drapeau rouge aux trois croissants des nationalistes turcs du MHP.
Le gouvernement avait annoncé un peu plus tôt que le PKK, en insurrection ouverte contre Ankara, était probablement responsable de l'attentat de la matinée.
Le HDP, deuxième force de l'opposition et troisième parti de Turquie, est régulièrement accusé par le gouvernement de soutenir le PKK, classé "organisation terroriste" par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Plusieurs de ses députés, dont ses coprésidents, Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, sont actuellement emprisonnés pour des liens supposés avec le groupe armé kurde. Des accusations que le parti dément formellement.
Le parti a condamné samedi l'attentat de Kayseri, déplorant "le vortex de violence dans lequel est entraîné progressivement la Turquie".
"Nous avons dépassé depuis longtemps le stade des messages de condamnation", poursuit le communiqué. "Nous devons nous unir pour la paix, la démocratie, la justice et la liberté (...) pour empêcher que se répètent de nouvelles tragédies".
Les médias turcs ont rapporté que les manifestants de Kayseri étaient des militants des "Loups gris", une formation d'extrême droite turque, très active dans les années 1980 et 1990.
Certains manifestants s'en sont également pris à un rassemblement du Parti républicain des Peuples (CHP, sociaux-démocrates) qui avait lieu en plein air à Kayseri, selon le quotidien Hürriyet.
Kayseri reste l'une des places fortes du MHP en Turquie, même si le Parti de la Justice et du Développement (AKP) au pouvoir y progresse ces dernières années.