Après deux mois de troubles violents dans le nord-ouest birman, où vivent des milliers de Rohingyas, les pays d'Asie du Sud-Est se retrouvent en urgence, lundi à Rangoun, pour évoquer cette crise qui fait craindre un nouvel exode de la minorité persécutée.
Vendredi dernier, le commissaire aux droits de l'Homme des Nations unies, Zeid Ra'ad Al Hussein, a sévèrement critiqué la réaction du gouvernement birman, dirigé par Aung San Suu Kyi, depuis le début des violences.
Selon lui, cette approche est "irréfléchie, contre-productive et insensible" et une "leçon sur la façon d'aggraver la situation".
Parmi les pays membres de l'Association des pays d'Asie du Sud-Est (Asean), peu osent attaquer de front la Birmanie à l'exception de la Malaisie. Les tensions sont grandes entre les deux pays depuis que Najib Razak, le Premier ministre malaisien, a parlé de "génocide" de la population musulmane rohingya et expressément demandé à Aung San Suu Kyi d'agir.
Sous pression, cette dernière, qui est notamment ministre des Affaires étrangères, va mener les discussions lundi avec ses homologues d'Asie du Sud-Est.
Le point de départ de cette nouvelle crise birmane impliquant la minorité rohingya a été l'attaque début octobre de postes de police par des groupes d'hommes en Etat Rakhin (nord-ouest).
Depuis, l'armée birmane a lancé une grande opération militaire: des dizaines de personnes ont été tuées et 27.000 Rohingyas, qui dénoncent les atrocités commises des soldats birmans (viols, meurtres...) ont fui au Bangladesh.
Le gouvernement a rejeté ces allégations et explique devoir faire face à des centaines de "terroristes".
"Ce genre de problème, s'il n'est pas bien géré, aura un impact sur la paix et la sécurité de la zone Asean", a estimé auprès de l'AFP Ong Keng Yong, ancien secrétaire général de l'Asean.
Il y a un an et demi, en mai 2015, une grave crise humanitaire avait secoué la région quand des milliers de Rohingyas et Bangladais s'étaient retrouvés piégés dans le golfe du Bengale après avoir été abandonnés par leurs passeurs en pleine mer.
Considérés comme des étrangers en Birmanie, pays à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas sont apatrides même si certains vivent dans le pays depuis des générations et n'ont pas accès au marché du travail, aux écoles, aux hôpitaux. De plus la montée du nationalisme bouddhiste ces dernières années a attisé l'hostilité à leur encontre.
Ils sont, tous les ans, des milliers à fuir pour tenter notamment de rejoindre la Malaisie.