Le président américain Barack Obama a imposé lundi des sanctions contre quatre hauts responsables burundais pour leur responsabilité présumée dans les violences qui secouent ce pays des Grands Lacs depuis fin avril, rapporte l’AFP.
Le même jour, à Bujumbura, le gouvernement annonçait avoir interdit « provisoirement » les activités des principales organisations de la société civile locale, animatrices du mouvement anti-3e mandat du président Pierre Nkurunziza, déjà poursuivies pour insurrection et dont les
dirigeants sont en exil, toujours selon l’AFP.
Les sanctions américaines - restriction de circulation et gel des avoirs - interviennent après celles annoncées début octobre par l'Union européenne. Elles « ne visent pas le peuple burundais » mais des individus au sein du gouvernement qui « contribuent aux troubles », « affaiblissent les institutions démocratiques » et se rendent coupables « d'atteintes aux droits de l'homme », précise la Maison Blanche.
La candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, contraire selon les contestataires, à la Constitution et à l'accord d'Arusha ayant mis fin à la guerre civile, a plongé au printemps le Burundi dans une crise qui a déjà fait au moins 200 morts. Une brutale répression des manifestations et la réélection en juillet de M. Nkurunziza ont contribué à
l'intensification des violences.
Washington évoque des informations « multiples et crédibles » faisant état d'assassinats ciblés, d'arrestations arbitraires ou encore de faits de torture perpétrés par les forces de sécurité, ainsi que « des violences perpétrées par de milices affiliées au parti au pouvoir ».
L’exécutif américain, qui estime que la « rhétorique incendiaire » de plusieurs
responsables gouvernementaux a contribué à « un climat de peur » et risque « d'inciter à encore plus de violence », condamne par ailleurs ceux qui, parmi les opposants au gouvernement Nkurunziza, ont recours à la violence et contribuent aussi à l'instabilité au Burundi.
Parmi les personnes visées par ces sanctions, figure Godefroid Bizimana, directeur général
adjoint de la police nationale, également dans le collimateur de l'UE. Selon Washington, il a dirigé les opérations de police visant à empêcher la tenue de manifestations pacifiques d'opposants, en ayant recours à « un usage disproportionné » de la force.
Les trois autres personnes visées par les sanctions américaines sont Alain-Guillaume Bunyoni, ministre de la Sécurité publique et véritable numéro 2 du régime, Godefroid Niyombare, ancien chef du service de renseignements et ex-chef d'état-major de l'armée, et Cyrille Ndayirukiye, ancien ministre de la Défense.
Bujumbura suspend une dizaine d’ONG locales
Sur place au Burundi, le ministère de l’Intérieur a annoncé lundi qu’il suspendait « provisoirement les activités de certaines organisations de la société civile, poursuivies par la
justice pour leur rôle dans les crimes commis » depuis avril dernier. Selon Térence Ntahiraja, porte-parole de ce ministère, cette mesure signifie « concrètement que ces ONG sont fermées, sont
interdites de toute activité (...) jusqu'à ce que la justice prenne une décision à leur sujet ».
La mesure vise dix associations oeuvrant aussi bien dans les domaines de la défense des droits de l'Homme, que la lutte contre la corruption ou l'aide aux enfants.
Ces organisations et leurs dirigeants sont déjà poursuivis par la justice burundaise qui les accuse d'être impliqués dans la tentative de coup d'Etat militaire de la mi-mai et dans « l'insurrection » - terme utilisé par les autorités burundaises pour qualifier le mouvement de contestation anti-3e mandat.
Il s’agit notamment de l'Association de protection des personnes détenues et des droits de l'Homme (Aprodeh), dont le leader Pierre-Claver Mbonimpa, une figure de la défense des droits de l’homme au Burundi, a pris le chemin de l’exil après avoir échappé à une tentative d’assassinat début août.