Mossoul, deuxième ville d'Irak, est le théâtre d'intenses combats depuis le lancement d'une offensive visant à en déloger les jihadistes. Les forces armées irakiennes soutenues par la coalition internationale antijihadistes ont réussi à prendre le contrôle de quartiers dans l'Est de la ville mais l'EI continue de contrôler l'Ouest.
Parmi la cinquantaine d'habitants de l'Est de Mossoul qui ont fui vers le Kurdistan irakien et ont pu être interrogés par l'organisation de défense des droits de l'Homme, 31 ont rapporté des attaques de l'EI.
Elles ont été "perpétrées par des obus de mortier, des tireurs embusqués, au moyen de voitures piégées ou encore de bombes artisanales qui ont indistinctement ou directement tué ou blessé des civils", explique HRW dans un rapport.
Les jihadistes, poursuit l'ONG, justifient leurs exactions en expliquant que leurs victimes "ont refusé de se plier aux ordres (de l'EI) de les suivre dans leur retraite vers les zones situées dans l'ouest de Mossoul et que le groupe contrôle encore".
La métropole est le dernier bastion de l'EI en Irak et revêt une importance particulière à ses yeux, car c'est de la grande mosquée Al-Nouri, dans le centre, que son chef Abou Bakr al-Baghdadi avait annoncé l'instauration d'un "califat" à l'été 2014.
Selon les témoins interrogés par Human Rights Watch, des frappes aériennes de la coalition internationale et de l'armée irakienne qui visaient les jihadistes ont "également tué des civils".
Entre la troisième semaine de novembre et la première semaine de décembre, "les témoins affirment que 19 civils ont été tués et des dizaines d'autres blessés dans des attaques menées par les deux camps", explique encore l'organisation de défense des droits de l'Homme.
"Si l'EI était vraiment préoccupé par le sort des populations piégées dans son soi-disant califat, il les laisserait fuir vers des zones sûres", assène Lama Fakih, directrice adjointe pour le Moyen-Orient de HRW, citée dans le rapport. "Au lieu de cela, (l'EI) tue et blesse délibérément et sans distinction ceux qui refusent de servir de boucliers humains".
Les organisations humanitaires craignent que l'opération contre Mossoul n'entraîne un déplacement massif de populations civiles.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), deux mois après le début de l'offensive, plus de 100.000 Irakiens ont fui leurs foyers, situés en majorité dans la province de Ninive, dont Mossoul est la capitale.