La Cour suprême en Gambie examinera le 10 janvier le recours du parti du président Yahya Jammeh, qui demande l'annulation de l'élection présidentielle du 1er décembre, officiellement remportée par l'opposant Adama Barrow, a annoncé mercredi le président de cette institution.
Selon la Constitution, le mandat actuel de Yahya Jammeh expirera le 19 janvier.
Le parti de M. Jammeh avait déposé un recours le 13 décembre devant la Cour suprême, en dénonçant notamment des irrégularités dans la comptabilisation des résultats par la Commission électorale indépendante (IEC) et des "intimidations" envers ses électeurs dans une région.
La Cour suprême a tenu mercredi une audience sur le dossier, qui n'avait pas été publiquement annoncée, et à laquelle la commission électorale n'était pas représentée, selon l'avocat de M. Jammeh, Me Edward Gomez.
Celui ci a expliqué que l'IEC était absente parce qu'elle n'avait pas reçu la convocation déposée par son client, et a sollicité de la Cour un report de l'audience.
Cette requête a été appuyée par le représentant du Ministère public Saffie Sankareh, puis acceptée par la Cour, actuellement présidée par le juge nigérian Emmanuel Fagbenle.
Puisque "la Commission électorale indépendante n'a pas été avisée, j'ordonne que l'affaire soit ajournée jusqu'au 10 janvier", a déclaré Emmanuel Fagbenle.
La Gambie, que dirige Yahya Jammeh depuis 22 ans, fait souvent appel à des juges originaires de pays anglophones pour renforcer son système judiciaire. La Cour suprême est composée au total de sept juges, incluant son président, tous nommés par le chef de l'Etat.
Le 13 décembre, les forces de sécurité ont pris possession des locaux de l'IEC à Banjul et le personnel de la commission s'en est vu interdire l'accès, sans explications. Une situation qui demeurait inchangée jusqu'à mercredi soir, selon un journaliste de l'AFP et des responsables de l'IEC.
Emmanuel Fagbenle a par ailleurs assuré à la presse que la Cour suprême n'était pas en sommeil.
Selon lui, l'organisation du système fait qu'ils n'ont pas besoin d'être sur place en permanence.
Les juges nommés sont attendus en janvier en provenance de Sierra Leone et du Nigeria, a-t-il annoncé, sans plus de détails. Aucun calendrier n'était disponible sur la durée de la procédure.
Après avoir reconnu sa défaite le 2 décembre - et même félicité Adama Barrow -, Yahya Jammeh s'était ravisé une semaine plus tard, rejetant les résultats et réclamant un nouveau scrutin.
Il a réitéré ses déclarations mardi, assurant qu'il demeurerait au pouvoir tant que la Cour ne se serait pas prononcée, alors que plusieurs pays et institutions, dont la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays) et l'ONU, le pressent de céder le fauteuil à M. Barrow et de permettre une transition apaisée dans son pays.
"Nous avons le droit de saisir la justice. S'adresser à la Cour est un droit et une procédure, et personne ne devrait nier ce droit à un parti" politique, a déclaré mercredi à la presse son avocat Edward Gomez.