L'évêque du diocèse catholique de Manono, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, a "lancé un "SOS" jeudi face aux "attaques répétées" qui rythment le conflit entre les communautés Pygmée et Bantou dans la région.
"Je lance un SOS car la situation s'aggrave. Jusqu'à quand cela durera-t-il ? Sauvons ceux que l'on peut encore sauver", a déclaré à l'AFP Mgr Vincent de Paul Kwanga.
Au-delà des victimes directes des attaques, il y a un "risque humanitaire causé par la faim et les épidémies" parmi les nombreuses personnes qui fuient ces violences, a-t-il souligné, à trois jours de la fête de Noël.
Manono, située à 480 km au nord de Lubumbashi, accueille selon lui plus de 50.000 déplacés.
Selon le Bureau diocésain de Justice et de Paix (BDJP), la dernière attaque en date, menée mardi par des Pygmées à Manono, a fait 40 morts et 125 blessés.
"En tant qu'Eglise catholique, nous demandons aux autorités nationales et provinciales compétentes d'assurer la protection des personnes et de leurs biens. (...) La population meurt sous le regard passif de l'armée et de la police", a déclaré dans un communiqué l'abbé Alain Kabange, directeur du BDJP.
Il a également "déploré la passivité des Casques bleus de la Mission de l'ONU pour la Stabilisation du Congo (Monusco), qui se seraient retranchés dans leur base lors de cette attaque" mardi.
Les assaillants "ont marché sur quatre kilomètres en tirant partout sans aucune réaction", a affirmé Mgr Kwanga, en rappelant le "rôle de protection des civils" dévolu à la Monusco.
Depuis décembre 2013, le nord du Katanga, région grande comme l'Espagne, est le théâtre de nombreux accrochages entre Bantous de l'ethnie Luba et Pygmées de l'ethnie Twa.
Les tensions entre les deux communautés sont antérieures à l'indépendance de la RDC (1960).
Le mode de vie nomade des Pygmées, des chasseurs cueilleurs, est menacé par la déforestation, l'exploitation des mines et l'expansion des terres agricoles des Bantous.
Souvent considérés comme des citoyens de seconde zone, ils cherchent à faire reconnaître leur droits mais leurs revendications se heurtent régulièrement au refus des populations bantoues.
Fin septembre, à l'issue d'une longue procédure, la justice congolaise a condamné quatre Bantous à 15 ans de prison pour crimes contre l'humanité en lien avec ce conflit.