La célèbre romancière turque Asli Erdogan comparaissait pour la première fois jeudi devant un tribunal d'Istanbul dans le cadre d'un procès pour activités "terroristes" qui a suscité des critiques de l'Union européenne.
En détention préventive depuis plus de quatre mois, Asli Erdogan est accusée avec huit autres ex-collaborateurs du journal prokurde Özgür Gündem, fermé par décret, de "propagande terroriste" et d'être "membre d'une organisation terroriste", en l'occurence le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Parmi les autres prévenus figure la linguiste de renommée mondiale Necmiye Alpay, 70 ans, en détention préventive depuis fin août.
Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées avant le début de l'audience devant le palais de justice de Caglayan à Istanbul, sous la pluie battante et le vent, pour soutenir les prévenus, a constaté l'AFP.
"Nous sommes ici par solidarité avec les prévenus et pour défendre la démocratie. C'est maintenant ou jamais qu'il faut le faire, après, il sera trop tard, la dictature sera là", a déclaré à l'AFP Murat, 48 ans.
"Cette affaire est une honte pour la Turquie, une honte pour (le président) Recep Tayyip Erdogan et une honte pour l'Europe qui ne fait rien pour soutenir la liberté d'expression", a affirmé Leyla Kizilkaya, venue, elle aussi, soutenir les journalistes et écrivains jugés jeudi.
Physicienne de formation et lauréate de nombreux prix, Asli Erdogan, qui n'a aucun lien de parenté avec le président turc, a vu ses romans traduits dans plusieurs langues. Le dernier paru traduit en français, Le Bâtiment de pierre (Actes Sud, 2013), dénonce la torture et les conditions de détention en Turquie.
L'arrestation de la romancière et linguiste âgée de 49 ans a provoqué une vague d'indignation en Turquie et dans le monde, relayée par de nombreux artistes, intellectuels et écrivains. Ses soutiens affirment qu'Asli Erdogan souffre d'asthme et de diabète et s'inquiètent pour son état de santé.
Depuis la tentative de coup d'Etat du 15 juillet, les autorités ont lancé contre les putschistes présumés de vastes purges qui ont aussi touché, plus largement, des médias et des partis d'opposition, suscitant l'inquiétude en Europe.