La radio communautaire gambienne Teranga FM, plusieurs fois réduite au silence depuis sa création en 2009, a été fermée dimanche sur ordre de l'Agence nationale du renseignement (NIA) pour un motif non précisé, selon un membre de son personnel et une source de sécurité.
Dimanche soir, Teranga FM n'émettait plus, a constaté un correspondant de l'AFP.
"Quatre agents de la NIA et un policier en uniforme sont venus à la radio cet après-midi (dimanche) vers 14H30 (locales et GMT). Ils nous ont dit d'arrêter la diffusion", a affirmé à l'AFP un membre du personnel de Teranga FM sous couvert d'anonymat.
"Ils nous ont dit avoir reçu instruction du directeur général de la NIA, Yankuba Badjie, de nous dire d'arrêter d'émettre avec effet immédiat", affirmé la même source.
Selon elle, ils ignoreraient la raison de cette décision.
Sollicitée par l'AFP, une source de sécurité a confirmé la fermeture de la radio, sans pouvoir se prononcer sur son motif, en précisant n'avoir procédé à aucune interpellation.
"Nous leur avons seulement demandé de cesser d'émettre, ils ont coopéré avec nous" et l'ont fait "dans l'après-midi", a-t-elle affirmé, déclinant tout commentaire supplémentaire.
Teranga FM est une radio populaire en Gambie en raison notamment de sa traduction quotidienne en langues nationales des nouvelles publiées par les journaux gambiens.
Depuis sa création, elle a été fermée plusieurs fois et a souvent été rouverte sous condition comme en 2011, lorsqu'elle avait été autorisée à reprendre ses activités mais avec interdiction d'aborder les sujets évoqués par la presse privée.
Ses journalistes ont aussi été quelques fois convoqués à la NIA, arrêtés ou jugés.
En avril 2016, son directeur, Alagie Ceesay, qui était jugé depuis août 2015 pour sédition et publication de fausses nouvelles, a disparu, les autorités indiquant qu'il a profité d'une hospitalisation pour s'enfuir.
M. Ceesay avait été arrêté en juillet 2015 pour, selon l'accusation, avoir partagé par téléphone portable des images circulant sur internet montrant une arme pointée en direction du président Yahya Jammeh, qui dirige le pays d'une main de fer depuis 1994. La défense avait demandé la mise en liberté sous caution du journaliste à quatre reprises, sans succès.
Des organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent régulièrement les violations des libertés de la presse et d'expression en Gambie, enclavée dans le territoire du Sénégal hormis sa façade atlantique.