Rappel des grandes dates du régime de Yahya Jammeh, arrivé au pouvoir en Gambie en 1994 et qui conteste sa défaite face à son successeur élu, Adama Barrow, censé prêter serment jeudi.
- Porté au pouvoir par un coup d'Etat
Le 22 juillet 1994, l'armée dépose Dawda Jawara, "père de la Nation", au pouvoir depuis pratiquement 30 ans, après une mutinerie. Yahya Jammeh est placé à la tête d'un Conseil provisoire des forces armées.
Dès novembre, un coup d'Etat est déjoué et une quarantaine de personnes sont tuées dans deux camps militaires de la capitale. De très nombreuses tentatives de coup d'Etat manquées ont été depuis annoncées par les autorités.
Le 26 septembre 1996, Yahya Jammeh remporte l'élection présidentielle face à son principal rival, Ousainou Darboe. En janvier 1997, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC) de Jammeh gagne les législatives, qui consacrent le retour à un ordre constitutionnel après 29 mois de régime militaire.
Le président Jammeh est réélu trois fois (2001, 2006 et 2011).
- Attaque contre le palais présidentiel
Le 30 décembre 2014, la garde présidentielle repousse un assaut d'hommes armés contre le palais présidentiel, dirigés par des opposants gambiens établis notamment aux Etats-Unis, en l'absence de Yahya Jammeh, en voyage à Dubaï, aux Emirats arabes unis.
Trois soldats accusés d'être impliqués dans l'attaque seront condamnés à mort, et trois à la prison à vie après leur procès tenu en secret devant un tribunal militaire, selon Amnesty International et des militaires.
- Mobilisation de l'opposition
Le 14 avril 2016, un dirigeant du Parti démocratique unifié (UDP), principale formation d'opposition, Solo Sandeng, est arrêté avec plusieurs autres personnes lors d'un rassemblement pour réclamer des réformes politiques, alors que le président Jammeh se trouve en Turquie pour le sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Solo Sandeng décède en détention.
Deux jours plus tard, une manifestation dénonçant sa mort est réprimée et se solde par de nouvelles arrestations, dont celle du chef du parti, Ousainou Darboe, avocat et défenseur des droits de l'Homme.
Le 20 juillet, plusieurs responsables de l'UDP, dont Ousainou Darboe, sont condamnés à trois ans de prison ferme pour plusieurs chefs d'accusation, dont celui d'avoir manifesté illégalement. Le 20 août, un autre cadre de l'UDP, arrêté en mai, décède en détention, suscitant les critiques de la communauté internationale.
Plusieurs dizaines de militants, dont Ousainou Darboe, seront libérés sous caution cinq mois plus tard.
Le 31 octobre, après des mois de discussions, la quasi totalité des partis d'opposition se choisit un candidat commun, Adama Barrow, membre de la direction de l'UDP.
- Banjul quitte la CPI
Le 25 octobre, dans le sillage du Burundi et de l'Afrique du Sud, la Gambie annonce son retrait de la Cour pénale internationale (CPI), accusée de "persécution envers les Africains, en particulier leurs dirigeants".
Cette décision a été prise après que la Gambie eut tenté en vain d'amener la CPI à poursuivre les pays européens pour la mort de nombreux migrants africains en Méditerranée, indique le ministre de l'Information, alors que la procureure gambienne de la Cour, Fatou Bensouda, a été ministre de la Justice de M. Jammeh.
- Présidentielle et état d'urgence
Le 1er décembre, les Gambiens votent pour désigner leur nouveau président parmi trois candidats, dont Yahya Jammeh et Adama Barrow.
Le lendemain, Yahya Jammeh reconnaît sa défaite et téléphone à Adama Barrow pour le féliciter. Mais le 9 décembre, brusque revirement de M. Jammeh, qui annonce ne plus recconnaîre les résultats, dénonçant des "erreurs inacceptables" de la Commission électorale.
Le 10 janvier, la Cour suprême juge impossible de statuer sur le recours de Yahya Jammeh avant plusieurs mois, faute de juges.
Le 17 janvier, soumis à des pressions internationales croissantes, Yahya Jammeh proclame l'état d'urgence, invoquant "l'ingérence étrangère".