Alors que le président-dictateur de Gambie Yahya Jammeh vient d’être déposé sous pression du Sénégal, l’émission de la SRF Rundschau vient de révéler que son ancien ministre de l’intérieur Ousman Sonko a déposé une demande d’asile en Suisse fin 2016. Il vient d'être interpellé.
Ce mercredi, l’ONG Trial International a déposé une plainte pénale auprès de la justice bernoise pour torture. Ce qu’a confirmé jeudi le Ministère public Région Jura bernois-Seeland.
Sur son site, Trial International déclare que l’ancien ministre serait aux mains des autorités suisses: «D’après certaines sources, les autorités suisses auraient arrêté le suspect, conformément à la Convention contre la torture et le Code pénal suisse. Nous saluons l’arrestation du suspect et la réactivité des autorités, dit Philip Grant, Directeur de TRIAL International. Nous espérons maintenant qu’une enquête sera ouverte. La loi est claire : la Suisse a l’obligation d’ouvrir immédiatement une enquête sur les suspects de torture présents sur son territoire.»
A ce jour, les crimes du gouvernement Jammeh n’ont jamais été jugés, et les bourreaux jouissent d’une impunité totale. A l’heure où la Gambie se prépare à une transition démocratique, ces développements envoient un fort message d’espoir aux victimes, souligne Trial International.
Le directeur de la police de Berne, Hans-Jürg Käser, a confirmé ce jeudi que le canton a placé le Gambien en garde à vue à Lyss, avant d’être transféré vers un autre lieu, selon la Berner Zeitung.
Christof Scheurer, porte-parole du ministère public de Berne, n'a pas voulu confirmer l'interpellation de Ousmane Sonko. Il a toutefois reconnu que le ministère public avait pris des mesures liées à une plainte déposée contre lui par l'ONG Trial International.
Arrivée du nouveau président
En Gambie, le nouveau président Adama Barrow est attendu ce jeudi, cinq jours après le départ en exil de son prédécesseur Yahya Jammeh, afin de mettre un terme à six semaines d'une crise à rebondissements.
Vainqueur de l'élection du 1er décembre face à Yahya Jammeh - qui avait initialement reconnu sa défaite avant de se raviser le 9 décembre - Adama Barrow a prêté serment le 19 janvier à l'ambassade de Gambie à Dakar.
Peu après, la Cédéao lançait une opération pour forcer au départ Yahya Jammeh, qui a finalement quitté le pays le 21 janvier pour être accueilli par la Guinée équatoriale.
La Gambie, petit pays anglophone totalement enclavé dans le Sénégal, à l'exception d'une étroite façade côtière prisée des touristes, a été dirigée d'une main de fer pendant 22 ans par Yahya Jammeh, un ancien militaire.
Lors du Conseil des ministres ce mercredi, le chef de l'Etat sénégalais Macky Sall s'est engagé à "ne ménager aucun effort pour la consolidation des liens séculaires de fraternité entre les peuples gambien et sénégalais", selon la présidence.
Cet article a été précédemment publié par Swissinfo.