La tension entre sécurité et liberté a de nouveau dominé cette semaine de la justice transitionnelle et des processus de réconciliation. Trois pays frappés par le terrorisme ont instauré l’état d’urgence, la France, le Mali et la Tunisie. Rognant au nom de la guerre au terrorisme espaces de liberté et valeurs démocratiques. Devant la peur et la sidération des populations, les protestations se font rares devant ses renoncements. Courageusement, les journalistes tunisiens ont cependant protesté contre l’usage abusif d’une loi fourre-tout condamnant « l’apologie du terrorisme ». Dans une France vivant toujours dans la peur d’une récurrence de ces attentats surtout à la veille de la COP21, les critiques ont été assourdies.
Pourtant ces valeurs de liberté sont autant de vigies de l’état de la démocratie dans un pays. Comme on le voit tous les jours au Burundi où la presse est muselée et menacée et où le journaliste et patron de presse d’Iwacu dernière voix indépendante du pays Antoine Kaburahe a été contraint à l’exil. Il existe des « risques de génocide » a prévenu Thomas Perriello l'émissaire pour la région des Etats-Unis qui ont imposé des sanctions contre deux hauts responsables du régime.
Longtemps mise en doute et même découragée par la France, la courte visite du Pape François a pu se dérouler en République Centrafricaine donnant un vernis de normalité à ce pays toujours déchiré. La Présidente de transition Catherine Samba-Panza a ainsi déclaré au Pape : "Au nom de toute la classe dirigeante de ce pays mais aussi de tous ceux qui ont contribué à sa descente aux enfers, je confesse tout le mal qui a été fait et demande pardon du fond de mon coeur. Nous avons absolument besoin de ce pardon parce que les dernières évolutions de la crise sont apparues comme des abominations commises au nom de la religion par des gens qui se disent des croyants ».
De son côté, le Burkina Faso a tenu des élections présidentielles dans des circonstances inespérées huit semaines après l’échec du coup d’Etat de la garde présidentielle. Toujours en Afrique, l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a été jugé "physiquement et mentalement" apte à participer à son procès pour crimes contre l'humanité, qui doit s'ouvrir le 28 janvier, ont décidé vendredi les juges de la Cour pénale internationale. À la Haye, l’Assemblée des Etats parties (les Etats constitutifs de la Cour Pénale Internationale) a été dominée par une offensive du Kenya pour protéger son vice-Président William Ruto poursuivi pour crimes contre l’humanité par la Cour, une démarche qui met en cause l’indépendance de cette juridiction selon les ONG.
Instrumentalisation enfin de la justice transitionnelle en Russie : le Parlement va examiner un projet de loi condamnant la négation du génocide arménien, une initiative annoncée quelques jours après le crash d'un avion de guerre russe, abattu par l'armée turque.