Les services antiterroristes français ont interpellé vendredi quatre personnes dont une adolescente, soupçonnées de projeter un attentat "imminent", une semaine après l'attaque à la machette contre des militaires près du musée du Louvre à Paris.
Selon le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, ce nouveau coup de filet antiterroriste dans la région de Montpellier, dans le sud du pays, "a permis de déjouer un projet d'attentat imminent sur le sol français", alors que le pays est confronté à une menace jihadiste sans précédent depuis plus de deux ans.
"Les enquêteurs pensent qu'un passage à l'acte était prévu, mais on ne sait pas où ni comment", a indiqué une source proche du dossier.
Les suspects: une jeune fille de 16 ans et trois hommes âgés de 20, 26 et 33 ans. Certains avaient été identifiés sur les réseaux sociaux, notamment sur la messagerie cryptée Telegram, très prisée par les jihadistes.
Jeudi, les événements se sont accélérés avec l'achat d'acétone et d'eau oxygénée, des composants du TATP, un explosif artisanal puissant, ont expliqué les sources.
"Trois sont directement suspectés de préparer une action violente sur notre territoire", a précisé le ministre dans un communiqué. Le rôle du suspect de 26 ans doit encore être déterminé.
L'adolescente de 16 ans avait exprimé la volonté de partir en zone syro-irakienne ou de frapper la France. "L'un de ses mentors était un des objectifs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI)", a ajouté la source policière.
Cet homme de 20 ans était connu des services spécialisés qui l'avaient identifié fin 2015 parce qu'il semblait chercher à se rendre en zone irako-syrienne, où l'organisation jihadiste État islamique (EI) s'est établie.
Selon les premiers éléments des investigations, il projetait de "se faire exploser", a complété la source policière. Les enquêteurs travaillent sur l'hypothèse selon laquelle le jeune homme et l'adolescente devaient se marier avant l'attaque.
Dans l'appartement où il a été arrêté, à la périphérie de Montpellier, les enquêteurs ont découvert 71 grammes de TATP, ainsi que des notes manuscrites pour en fabriquer et les composants ou le matériel nécessaire: acétone, eau oxygénée, seringues et gants de protection, a précisé une source judiciaire.
- 'Menace extrêmement élevée' -
Menée sous l'autorité de la section antiterroriste du parquet de Paris, après deux semaines d'investigations, l'opération a ciblé Montpellier et deux communes proches.
"Nous sommes face à un niveau de menace terroriste extrêmement élevé", a souligné le Premier ministre Bernard Cazeneuve, en déplacement dans le centre du pays.
Placée sous le régime de l'état d'urgence au moins jusqu'aux lendemains de la prochaine présidentielle, la France a été frappée par une vague d'attentats jihadistes qui ont fait 238 morts depuis 2015. Le pays est visé notamment pour sa participation aux frappes en Syrie contre le groupe État islamique.
Vendredi dernier, un Egyptien de 29 ans avait attaqué, une machette dans chaque main, des militaires dans la galerie marchande du musée du Louvre à Paris, en criant "Allah Akbar". Grièvement blessé par les tirs de riposte des soldats, il est toujours hospitalisé, et son état de santé empêche tout acte judiciaire pour l'instant.
La menace terroriste "est là, elle demeure et nous devons y faire face", avait souligné alors le président François Hollande. "C'est la raison pour laquelle nous avons mobilisé autant de moyens et nous continuerons à le faire autant de temps qu'il sera nécessaire", avait-il ajouté.
De nombreux attentats ont été déjoués ces deux dernières années. En décembre, le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux avait fait état de "pas moins de 13 tentatives impliquant plus d'une trentaine d'individus", dont des femmes et des mineurs, depuis l'attentat de Nice (sud-est) du 14 juillet dernier, quand un camion conduit par un Franco-Tunisien de 21 ans avait foncé dans la foule lors des festivités du 14 juillet 2016, faisant 86 morts. L'attaque avait été revendiquée par le groupe Etat islamique.
Fin novembre, quatre Français et un Marocain, soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat en région parisienne et qui avaient fait allégeance au groupe EI, ont été mis en examen et écroués.