Environ 500 indigènes et membres de communautés afro de l'ouest de la Colombie se retrouvent confinés et dans une "situation humanitaire grave", en raison de la présence de groupes armés ou de mines anti-personnel, a alerté vendredi le Défenseur du Peuple.
Cet organisme public de défense des droits humains a lancé "un appel urgent aux forces armées et aux autorités (...) face aux faits violents qui menacent au moins 500 personnes dans les zones rurales de Buenaventura (Valle del Cauca) et Litoral del San Juan (Choco)", selon un communiqué.
Le Défenseur du Peuple dénonce le risque de "déplacement massif des communautés afro-colombiennes et indigènes (...) du fait de la présence de groupes armés" et estime que "l'abandon et la ségrégation de la part de l'Etat envers les communautés indigènes Wounaan et les communautés noires de cette région" est à l'origine de "la grave situation humanitaire dans laquelles (elles) se trouvent".
Depuis l'explosion le 8 janvier de trois mines anti-personnel, quelque 160 personnes de la communauté afro de Palestina, sur la commune de Litoral del San Juan, dans le département du Choco, sont confinées chez elles, à court d'eau et de nourriture, n'osant s'aventurer sur les chemins "de crainte qu'il y ait d'autres explosifs".
Près du grand port de Buenaventura sur la côte Pacifique, ce sont 83 indigènes de l'ethnie Wounaan qui, depuis le 7 janvier, craignent de sortir de la réserve Valleduparet sont aussi à court d'aliments, à cause d'actes d'intimidation d'hommes armés et en tenue de camouflage, précise le communiqué.
Le Défenseur du Peuple n'a pas identifié les groupes armés sauf à La Colonia, près de Buenaventura, où il fait état d'informations selon lesquelles la guérilla de l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste) "convoque des réunions et colle des tracts sur les maisons".
L'ELN, qui a entamé cette semaine des pourparlers de paix avec le gouvernement, est la dernière rébellion active du conflit armé colombien, qui depuis les années 60 a impliqué une trentaine de guérillas, des milices paramilitaires d'extrême droite et les forces de l'ordre, faisant au moins 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
La Colombie est après l'Afghanistan le pays le plus affecté par les mines anti-personnel qui ont fait quelque 11.500 victimes, dont plus de 2.000 morts depuis les années 1990.