La guerre entre forces de Kiev et rebelles prorusses dans l'est de l'Ukraine a fait plus de 10.000 morts et deux millions de déplacés depuis son déclenchement en avril 2014.
Voici cinq points clés sur ce conflit, quasiment gelé depuis la signature en février 2015 d'accords de paix dont le volet politique est resté en grande partie lettre morte:
- Loyalistes contre prorusses -
Le conflit a débuté en avril 2014, deux mois après l'arrivée au pouvoir à Kiev de dirigeants pro-occidentaux suite à des manifestations massives à l'issue sanglante dans le centre de la capitale ukrainienne et à la fuite du président Viktor Ianoukovitch en Russie après sa destitution.
En mars 2014, la Russie annexe la péninsule ukrainienne de Crimée après l'intervention de ses forces spéciales et l'organisation en quelques jours d'un référendum de rattachement, jugé illégal par Kiev et par les Occidentaux.
L'opposition aux nouvelles autorités de Kiev s'étend ensuite aux régions industrielles de l'est de l'Ukraine, à majorité russophone, et prend rapidement un caractère armé avec l'apparition de milices séparatistes et l'envoi de l'armée par Kiev pour mater la rébellion.
Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de soutenir les rebelles militairement et financièrement, ce que Moscou a toujours démenti, ne reconnaissant la présence en Ukraine que de "volontaires" russes partis combattre de leur propre initiative.
- Guerre de positions -
Malgré l'état lamentable de l'armée après des années de négligence, les autorités de Kiev annoncent en avril 2014 le lancement d'une "opération antiterroriste" pour déloger les rebelles de leurs bastions de Donetsk et de Lougansk.
Les troupes gouvernementales ne tardent pas à essuyer plusieurs défaites humiliantes, poussant Kiev à recourir de plus en plus à des bataillons de volontaires échappant en partie à son contrôle mais mieux équipés et motivés.
Après des échecs initiaux, l'armée finit par engranger quelques victoires mais le conflit tourne à la guerre de positions. Plusieurs cessez-le-feu se succèdent, régulièrement violés.
Si le président Petro Porochenko a alloué 5% du budget au réarmement de l'armée, les pénuries en équipement et en munitions restent courantes. Ses appels du pied à Washington et aux Européens pour la livraison d'équipement militaire létal sont jusqu'à présent restés sans réponse.
- Une économie durement touchée -
Les lourdes dépenses militaires et la perte d'industries vitales situées dans les régions séparatistes ont pesé sur l'économie, qui s'est contractée de près de 17% entre 2014 et 2015.
L'inflation a atteint quasiment 50% en 2016 tandis que la valeur de la monnaie nationale, la hryvnia, ne représente qu'un tiers de sa valeur d'avant-guerre.
Les autorités ont en outre échoué à plusieurs reprises dans les opérations de privatisation d'entreprises publiques, en raison notamment de la réticence des investisseurs étrangers et de l'omniprésence de la corruption.
L'Ukraine a néanmoins réussi à négocier une restructuration partielle de sa dette et un prêt de 16,4 milliards d'euros du Fonds monétaire international (FMI).
- Corruption endémique -
L'Ukraine n'a toutefois reçu qu'une partie de l'argent du FMI en raison de son incapacité à lutter contre la corruption, un mal endémique qui ronge tous les secteurs du pays, de l'armée au gouvernement.
Les experts assurent ainsi que les officiers détournent l'argent destiné au réarmement de l'armée, tandis que nombre d'hommes politiques sont perçus comme les marionnettes de puissants oligarques.
La lenteur des réformes et l'apparente réticence des nouvelles autorités à lutter contre la corruption a exaspéré les alliés européens de l'Ukraine et empêché le pays de recevoir la totalité des aides promises.
- Luttes intestines -
Du côté des rebelles, les luttes intestines ont décimé leurs officiers tandis que les deux "républiques" séparatistes de Lougansk et de Donetsk restent largement dépendantes de l'aide venue de Russie.
Les assassinats, parfois à la voiture piégée, de chefs de guerre ont ponctué le conflit sans que l'on ne puisse en établir les commanditaires.
Chacune des deux républiques autoproclamées dispose en outre de son propre président, de ses groupes armés et mène sa propre politique.
Mais le dirigeant de Lougansk, Igor Plotniski, est perçu comme moins hostile aux autorités de Kiev que celui de la région, plus grande et plus puissante, de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko.