La Namibie envisage de faire un procès à l'Allemagne pour obtenir 30 milliards de dollars en compensation du génocide commis sur son territoire par les autorités coloniales de Berlin au début du XXe siècle, qui a causé des dizaines de milliers de victimes.
Selon des documents officiels consultés par le quotidien The Namibian et l'AFP, les autorités namibiennes ont engagé des juristes pour préparer le dépôt devant la Cour Pénale Internationale d'une plainte pour violations des droits de l'Homme incluant "des excuses et des réparations".
Le ministre namibien de la Justice Sacky Shanghala a confirmé à l'AFP la constitution d'une telle équipe.
De 1904 à 1908, l'Allemagne a mené une guerre systématique aux tribus nama et héréro dans sa colonie de Namibie, qui s'appelait alors l'Afrique allemande du Sud-Ouest (1884-1915).
La répression de la révolte provoquée par la confiscation des terres de ces indigènes a fait au moins 65.000 victimes, et est considérée par nombre d'historiens comme le premier génocide du XXe siècle.
L'Allemagne a longtemps refusé d'admettre la gravité des faits mais plusieurs de ses représentants utilisent désormais eux aussi le terme de "génocide".
Depuis deux ans, les deux pays négocient une déclaration formelle dans laquelle Berlin présenterait des excuses pour les massacres et envisagerait un dédommagement global, sous forme d'aide au développement spécifique pour les descendants des victimes.
Mais les représentants des Namas et des Héréros contestent ces discussions et ont porté plainte contre l'Allemagne devant un tribunal fédéral américain, qui a relancé jeudi la procédure.
La Namibie s'est jusque-là tenue à l'écart de cette plainte mais a décidé à son tour de demander des compensations financières.
Dans une déclaration publiée vendredi, le vice-président namibien Nickey Iyambo a indiqué que son gouvernement avait soumis en juillet 2016 à son homologue allemand un rapport abordant les questions du génocide, des excuses et des réparations.
"Nous sommes persuadés que le gouvernement de la république fédérale d'Allemagne accorde la plus grande attention à ce document", a-t-il estimé.
M. Iyambo a ajouté que son pays était déterminé à aboutir "à une solution amicale à cette triste histoire".