L’opposition congolaise a accusé dimanche le président de la République démocratique du Congo (RDC) d'être le "principal obstacle au processus démocratique" dans ce pays qui traverse une grave crise politique.
M. Kabila "a délibérément pris parti de multiplier en ce moment pourtant critique des manoeuvres politiciennes qui enfoncent davantage la RDC dans le chaos", a affirmé à Kinshasa Félix Tshisekedi, président du Rassemblement, dans une déclaration à la presse.
"M. Joseph Kabila s'érige désormais en principal obstacle au processus démocratique, faisant de notre pays une zone instable et une menace pour la paix et la sécurité internationale", a-t-il ajouté, en présence de ses pairs du Rassemblement, coalition constituée en juillet dernier autour de son père Étienne Tshisekedi.
Figure historique de l'opposition en RDC et président de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Étienne Tshisekedi est décédé le 1er février à Bruxelles à 84 ans.
La déclaration de Félix Tshisekedi intervient deux jours après la nomination de Bruno Tshibala, un dissident de l'UDPS et du Rassemblement, au poste du Premier ministre par le président Kabila.
Cette décision découle d'un accord de cogestion de la transition, conclu le 31 décembre 2016 entre l'opposition et la majorité, pour tenter de sortir la RDC de la crise provoquée par le maintien au pouvoir de M. Kabila après le 20 décembre, fin de son mandat.
La nomination de M. Tshibala est "une conséquence des tripatouillages du pouvoir" faites "au mépris de la lettre et de l'esprit de l'accord du 31 décembre", a encore fustigé M. Tshisekedi.
Des sources gouvernementales et au sein de la majorité interrogées par l'AFP ont au contraire martelé que cette nomination respectait bien l'accord de la Saint-Sylvestre.
Porte-parole du Rassemblement, M. Tshibala avait contesté la légitimité du fils Tshisekedi à la tête de l'opposition après la mort de son père et a été exclu fin février du Rassemblement et de l'UDPS, dont il était l'un des principaux dirigeants.
La désignation de M. Tshibala illustre "le cynisme de Joseph Kabila et son irrespect du peuple congolais", a commenté de son côté dans un communiqué l'opposant congolais en exil Moïse Katumbi. "J'appelle les Congolais et la communauté internationale à ne pas reconnaître le gouvernement du nouveau Premier ministre", exhorte l'opposant.
Samedi, la représentation de l'Union européenne en RDC a fait part de son "inquiétude", estimant que la désignation de M. Tshibala avait été faite "contrairement à la lettre et à l’esprit de l’accord du 31 décembre 2016".
Le Rassemblement a appelé à manifester lundi en RDC pour exiger l'application de cet accord.