Des combats meurtriers ont éclaté lundi à Wau, deuxième ville du Soudan du Sud en guerre, a-t-on appris de source officielle et auprès de témoins, qui ont fait état de meurtres de civils ciblés sur des lignes ethniques.
Des combats ayant débuté samedi entre forces loyales au gouvernement et rebelles à l'extérieur de Wau, dans des zones ayant changé plusieurs fois de mains depuis le début du conflit en 2013, se sont étendus lundi à la ville elle-même, tenue par les forces fidèles au président Salva Kiir depuis le début de la guerre civile, selon ces sources.
Parmi les 2.000 à 3.000 personnes qui ont fui les combats pour rejoindre un camp de déplacés au pied de la cathédrale de Wau, "certains nous rapportent que les soldats de la SPLA (armée gouvernementale) sont dans des zones résidentielles (...), ils tirent, ils visent certains groupes de personnes et ils pillent même certaines maisons", a assuré à l'AFP le prêtre Moses Peter, joint par téléphone. D'autres ont rejoint un camp de déplacés de l'ONU.
Si les combats impliquent principalement les forces fidèles au président Salva Kiir à celles répondant aux ordres du chef rebelle et ex-vice-président Riek Machar, des habitants font état de meurtres ciblés contre des civils.
Certains d'entre eux "ont été tués parce qu'ils sont soupçonnés de soutenir les rebelles", a déclaré Tibur Erinyo, un habitant de Wau âgé de 41 ans, contacté par téléphone, et faisant état de 18 morts selon des témoignages qui lui ont été rapportés.
Selon M. Erinyo, ces victimes appartiennent à des ethnies de la région - Jur et Balanda - dont les milices ont rejoint les rebelles menés par Riek Machar, un Nuer. M. Erinyo assure que le chef de l'état-major sud-soudanais, le général Paul Malong, s'est rendu à Wau vendredi, selon certains pour remonter le moral des troupes gouvernementales principalement constituées de Dinka.
Un autre habitant a indiqué sous couvert de l'anonymat avoir retrouvé son frère "étendu dans son propre sang", et dit avoir compté cinq cadavres en plus de celui de son frère.
Le porte-parole adjoint de la SPLA, le colonel Santo Domic Chol, a affirmé à l'AFP que les zones "peuplées par de nombreux civils étaient utilisées par les rebelles comme couverture". Faisant état d'une situation encore confuse, il a assuré que quatre gardiens de prison avaient été tués.
Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan en 2011 et a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts, attribuables aux différentes parties au conflit. Plus de 1,9 million de Sud-Soudanais sont déplacés dans leur pays, plus de 1,7 million sont réfugiés dans les pays voisins, et la famine a été déclarée en février dans certaines zones du nord du pays.