Amnesty International a vu une nouvelle atteinte à la liberté d'expression en Thaïlande dans la décision de la junte d'interdire toute communication internet avec trois dissidents.
Le fait de contacter ces trois personnes connues pour leurs critiques de la monarchie, de les suivre sur les réseaux sociaux ou de partager leurs publications en ligne, est une infraction passible d'emprisonnement.
Les trois personnes concernées sont les universitaires Somsak Jeamteerasakul et Pavin Chachavanpongpun ainsi que le journaliste britannique Andrew MacGregor Marshall.
Tous les trois sont très suivis sur internet et sont connus pour leurs critiques de la junte. Ils vivent tous les trois en exil car ils risquent en Thaïlande des poursuites pour lèse-majesté.
Depuis leur prise de pouvoir par un coup d'Etat en mai 2014, les militaires ont fait de la lutte contre le crime de lèse-majesté leur cheval de bataille.
"Les autorités thaï ont plongé encore plus bas dans la limitation de la liberté d'expression", a estimé dans un communiqué diffusé mercredi soir Josef Benedict, directeur adjoint d'Amnesty pour l'Asie du Sud-Est.
"Après avoir mis en prison les gens pour ce qu'ils disent sur internet et en dehors, après avoir poussé les critiques à l'exil, elles cherchent à couper les gens les uns des autres."
Connue sous le nom d'"article 112", la très stricte loi thaïlandaise sur le crime de lèse-majesté prévoit de 3 à 15 ans de prison pour quiconque diffame le roi, le reine, son héritier ou le régent.
Les rares médias, y compris internationaux, évoquant ces affaires ne donnent aucun détail des accusations, de crainte de tomber eux-mêmes sous le coup de la loi. Les arrestations et les condamnations peuvent être racontées mais pas les détails des accusations car cela peut être considéré comme une violation de la loi.
En août 2015, un homme a été condamné à 30 ans de prison et une femme à 28 ans après avoir publié sur Facebook des messages jugés insultants pour la famille royale.