Après la tenue sans incident notable du match Dortmund-Monaco, les autorités allemandes vont tenter de déterminer jeudi si leur suspect islamiste a joué un rôle dans l'attentat de mardi, avec encore de nombreuses zones d'ombre dans l'enquête.
La police a perquisitionné dans la foulée de l'attentat contre l'équipe de football allemande les appartements de "deux suspects appartenant à la mouvance islamiste" et interpellé l'un de ces hommes, selon le parquet antiterroriste.
Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, l'homme en garde à vue est un Irakien de 25 ans résidant à Wuppertal, ville située comme Dortmund dans la région de la Ruhr, alors que l'autre suspect laissé en liberté est un Allemand de 28 ans habitant à Fröndenberg.
Le quotidien Bild affirme jeudi que la personne retenue par la police, faisant l'objet d'une surveillance depuis longtemps, aurait tenu des propos "suspects" dans une conversation téléphonique, faisant penser aux autorités qu'il pouvait dissimuler des explosifs chez lui.
Toutefois, les enquêteurs n'ont rien trouvé à son domicile, ajoute le journal.
La justice a jusqu'à jeudi soir pour décider d'un éventuel placement en détention ou d'une remise en liberté.
- Revendication -
Mais si la région est connue pour abriter une mouvance islamiste importante, et concentre nombre de procédures contre d'anciens jihadistes revenus d'Irak ou de Syrie, les enquêteurs demeurent encore prudents.
Le ministre de l'Intérieur de cette région de l'ouest de l'Allemagne, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Ralf Jäger, a indiqué mercredi que toutes les pistes restaient ouvertes.
"Il peut s'agir d'extrémistes de gauche, d'extrémistes de droite, de fans violents ou d'islamistes", a-t-il dit mercredi.
Selon Bild, deux militants des deux premières mouvances font aussi l'objet de vérifications de la police.
Le ministre a en outre émis l'hypothèse d'une revendication falsifiée pour "créer une fausse piste".
Les enquêteurs ont découvert sur les lieux de l'attaque, en trois exemplaires, une lettre à connotation islamiste.
Le texte, dont l'authenticité est en cours de vérification par le parquet, appelle l'Allemagne à cesser de participer avec ses chasseurs Tornados à la lutte de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique en Syrie, faute de quoi de nouveaux attentats seront commis.
La nature "terroriste" de l'acte ne fait en revanche plus guère de doute pour le parquet fédéral, qui s'appuie à la fois sur "les modalités" de cette attaque à l'explosif et sur la lettre de revendication retrouvée sur les lieux.
Les trois engins qui ont détonné mardi soir au passage du bus de l'équipe de Dortmund, blessant le défenseur international espagnol Marc Bartra et un policier, avaient une "force explosive" de 100 mètres.
Ils contenaient des "tiges métalliques", dont l'une a terminé sa course dans le repose-tête d'un siège à l'intérieur du bus, a souligné le parquet, suggérant que le bilan aurait pu être plus lourd.
- Dortmund mécontent -
Reporté de près de 24 heures, le quart de finale aller de Ligue des champions entre Dortmund et Monaco s'est disputé mercredi soir sous haute sécurité.
Visiblement éprouvé, l'hôte allemand a perdu la rencontre 3 buts à 2 et son entraîneur Thomas Tuchel a vivement critiqué ensuite la décision de l'UEFA d'avoir fait jouer son équipe un jour seulement après l'attentat.
"Nous nous sommes sentis ignorés (...) Quelques minutes après l'attaque, on nous a dit qu'on devrait jouer, comme si on nous avait envoyé une canette de bière contre le bus", a-t-il accusé.
Le ministre fédéral allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière, qui a assisté au match en signe de solidarité, a de son côté promis que l'Allemagne "ne se laissera pas voler sa fascination" pour le football "par des criminels".
La présence policière avait été renforcée en ville et aux abords du stade, ainsi qu'à Munich (sud) où s'est déroulée mercredi soir, aussi sans incident, une autre rencontre de Ligue des Champions entre le club local du Bayern et Madrid, remportée 2 buts à 1 par les Espagnols.