Le gouvernement nigérian "négocie" avec le groupe islamiste Boko Haram pour obtenir la libération des lycéennes de Chibok enlevées il y a trois ans dans le nord-est du pays, grâce à la médiation de plusieurs pays étrangers, a annoncé jeudi la présidence.
Cette annonce, faite sur les ondes de la BBC (service haoussa), intervient la veille des commémorations de l'enlèvement de plus de 200 lycéennes à Chibok (nord-est) le 14 avril 2014, qui avait suscité une vague d'indignation internationale.
"Le gouvernement travaille à la libération des écolières de Chibok et de tous les Nigérians enlevés par les terroristes" en ayant recours à "tous les moyens possibles", a affirmé un porte-parole de la présidence nigériane, Garba Shehu, lors d'une interview à la BBC.
"L'opération militaire suit son cours pour débarrasser le nord-est des terroristes toujours présents, en particulier dans la forêt de Sambisa. En même temps, des discussions sont en cours (...) pour libérer d'autres écolières en plus de celles déjà libérées", a-t-il dit.
"Ces discussions se déroulent avec l'aide de certains pays", a ajouté M. Shehu, citant notamment le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le gouvernement suisse, qui avaient déjà participé aux négociations pour la libération d'une vingtaine de lycéennes l'an dernier.
Le porte-parole a également indiqué que "d'autres pays" participaient aux discussions, sans les nommer.
"Les négociations comme celle-ci sont si difficiles, complexes et sinueuses que la précipitation peut ne pas aboutir au résultat escompté. Cela nécessite de la persévérance et de la patience", a-t-il ajouté, indiquant que les autorités n'avaient pas localisé les jeunes filles.
"Il a fallu à la Colombie près de 50 ans de discussions avec les rebelles des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie, ndlr), mais ce n'est que récemment qu'ils sont arrivés à un accord", a-t-il relevé. "Notre espoir est d'atteindre notre objectif bientôt".
Sur les 276 écolières âgées de 12 à 17 ans enlevées par le groupe jihadiste nigérian en avril 2014, 57 étaient parvenues à s'échapper juste après le rapt.
En octobre 2016, une vingtaine de jeunes filles avaient été libérées à la suite de négociations entre Boko Haram et le gouvernement. Mais 195 sont toujours portées disparues, certaines ayant eu des enfants en captivité.
A Abuja et dans la capitale économique Lagos, les militants du comité de soutien "Bring Back Our Girls" (Ramenez-nous nos filles) ont prévu des rassemblements vendredi pour marquer le troisième anniversaire de leur enlèvement.
Relayé par les médias du monde entier, cet enlèvement de masse avait attiré l'attention sur l'insurrection de Boko Haram qui a fait au moins 20.000 morts et enlevé des milliers de civils - notamment des femmes et des enfants - depuis 2009.