Des hommes sont victimes de viols en détention au Sri Lanka près de dix ans après la fin de la guerre civile, où l'agression sexuelle était utilisée comme arme pour torturer les prisonniers tamouls, selon un rapport publié mercredi par un centre d'études.
Les viols commis sur des hommes et des garçons sont généralisés mais restent cachés. Les victimes hésitent à signaler les abus de peur de la stigmatisation sociale mais aussi parce que les relations homosexuelles sont illégales au Sri Lanka, écrit All Survivors Project, dont le siège est aux Etats-Unis.
Pendant 37 ans, le Sri Lanka a été déchiré par de féroces combats entre la minorité tamoule et la majorité cinghalaise. Le conflit s'est achevé en mai 2009 par la victoire finale de Colombo, au prix d'un gigantesque bain de sang.
Environ 40.000 civils tamouls auraient été tués par les forces gouvernementales dans les derniers mois de la guerre.
Les viols étaient fréquents durant la guerre civile mais à la différence des cas concernant des femmes, les abus commis contre les hommes par leurs geôliers ont été largement passés sous silence. Dans la vaste majorité des cas recensés pendant et après la guerre, les victimes sont des Tamouls, dit le rapport.
"L'ampleur des violences sexuelles contre les hommes et les garçons n'est pas connue (...), la violence sexuelle contre les hommes et les garçons ne s'est pas arrêtée à la fin de la guerre en mai 2009".
"Les cas de violences sexuelles sur des hommes pendant leur arrestation et leur détention aux termes de la loi anti-terroriste draconienne qui n'a toujours pas été réformée ou abolie en dépit des promesses, ont continué à être recensés", selon l'étude.
Le rapport de 40 pages donne des détails sordides sur des traitements cruels, dégradants et inhumains subis par des suspects détenus par la police ou les forces de sécurité.
L'étude fait référence à des cas de viols en réunion de Tamouls par des soldats sri-lankais et d'autres violences sexuelles, documentés par le centre de surveillance des droits de l'Homme, International Truth and Justice Project.
A son élection en 2015, le président Maithripala Sirisena avait promis une enquête sur les crimes de guerre mais celle-ci piétine. Le gouvernement rechigne en particulier à instituer un tribunal spécial incorporant des magistrats étrangers.
La réponse des autorités aux viols commis sur des hommes "a pour l'instant été encore plus inadéquate" que pour les autres abus des droits de l'Homme, poursuit le rapport, qui leur demande de réagir.
L'homosexualité est illégale au Sri Lanka, ce qui décourage les victimes à signaler les viols. Le viol des mineurs n'est reconnu que pour les filles.