Le ministre congolais Alexis Thambwe Mwamba est visé en Belgique par une plainte pour crime contre l'humanité pour sa responsabilité présumée dans le crash d'un avion civil, abattu quand il dirigeait une rébellion en République démocratique du Congo, a indiqué jeudi l'avocat des plaignants.
La plainte avec constitution de parties civiles a été déposée le 16 mai contre le ministre de la Justice par plusieurs plaignants, dont Oscar Rachidi, qui préside la Ligue congolaise contre la Corruption et la Fraude (Licof), a expliqué à Bruxelles l'avocat belge Alexis Deswaef, cité par l'agence Belga.
Sollicité par l'AFP, le parquet de Bruxelles n'a pas confirmé l'information.
M. Rachidi, qui a le statut de réfugié en Belgique, a selon son avocat perdu des membres de sa famille dans le crash le 10 octobre 1998 d'un Boeing 727 de la compagnie Congo Airlines (CAL), abattu près de Kindu (est) avec 50 personnes à bord par un missile tiré par le principal mouvement rebelle, le Rassemblement congolais pour Démocratie (RCD).
Le RCD, dont M. Mwamba était l'un des dirigeants, affrontait alors les troupes loyalistes du président Laurent-Désiré Kabila, tombeur fin 1997 du dictateur Mobutu Sese Seko et père de l'actuel président Joseph Kabila.
Le jour même de l'attaque, Alexis Thambwe Mwamba avait déclaré à l'AFP que "la rébellion avait abattu un avion civil avec à son bord 40 militaires et du matériel de guerre alors qu'il atterrissait sur l'aéroport de Kindu".
Mais selon la compagnie aérienne, l'avion avait en fait été abattu peu après avoir décollé de Kindu avec à son bord une cinquantaine de passagers et membres d'équipage, dont des femmes et des enfants fuyant les combats.
Selon le quotidien La Libre Belgique, qui a révélé mercredi l'existence de cette plainte, c'est le juge d'instruction bruxellois Michel Claise qui est chargé de l'enquête. Celle-ci porte également sur des malversations financières présumées en Belgique et en RDC pour lesquelles le nom de la fille du ministre de la Justice est également cité, selon Belga.
Cette affaire intervient alors que les relations se sont tendues entre Kinshasa et l'Union européenne --et en particulier la Belgique-- après que l'UE a décidé fin mai d'infliger des sanctions à huit responsables de l'appareil sécuritaire congolais, dont trois ministres ou anciens ministres, et à un ex-chef rebelle pour de "graves violations des droits de l'homme".