Les deux plus hauts-dirigeants khmers rouges encore en vie se sont accrochés vendredi à leur déni de tout "génocide" au Cambodge, pour la dernière audience de leur second procès pour crimes contre l'humanité.
Après plus de trois années d'audiences, durant lesquelles plus de 100 témoins sont passés à la barre pour dénoncer les décapitations, les viols, les mariages forcés, le cannibalisme, le verdict est attendu dans les mois à venir.
"Le Vietnam a inventé cette idée inacceptable du génocide cambodgien", a lancé en conclusion l'ancien chef de l'Etat du "Kampuchéa démocratique" Khieu Samphan, 85 ans, ressassant une rhétorique classique contre le grand voisin vietnamien.
Il a aussi réfuté avoir été au courant d'une politique de purification de la société ayant conduit à la mort de deux millions de Cambodgiens, soit un quart de la population, morts d'épuisement, de famine, ou à la suite de tortures et d'exécutions.
Évoquant les témoignages des témoins ayant défilé à la barre, il a ajouté: "Ils ont parfois fait référence à moi comme étant un meurtrier... Mais le terme de meurtrier, je le rejette complètement".
L'idéologue du régime Nuon Chea, 90 ans, a quant à lui refusé de prendre la parole et a observé la dernière audience du procès depuis une cellule spécialement aménagée dans le tribunal, pour qu'il puisse assister à son procès malgré sa santé fragile.
"Nuon Chea se moque d'être condamné encore à la prison à vie... Il ne prend pas cette institution au sérieux", a déclaré son avocat, Victor Koppe, devant ce tribunal international créé avec le soutien de l'ONU.
Nuon Chea et Khieu Samphan, seuls hauts dirigeants du régime de Pol Pot encore en vie, comparaissaient pour leurs responsabilités dans le génocide des Vietnamiens et de la minorité musulmane des Chams et autres crimes perpétrés dans plusieurs camps de travail et prisons entre 1975 et 1979 au Cambodge.
Nuon Chea et Khieu Samphan ont déjà été condamnés à la prison à vie lors d'un premier procès. Le verdict est attendu fin 2017, mais aucune date n'a été donnée.