Une milice locale a pris samedi le contrôle d'une localité qui ravitaille en denrées alimentaires le grand centre commercial de Butembo, dans l'est de la République démocratique du Congo, a-t-on appris de source militaire.
Située à plus de 60 kilomètres de Butembo, la localité de Kipese "approvisionne en pommes de terre" les habitants de Butembo, l'un de plus importants centres commerciaux de l'Est.
"Les Maï-Maï Mazembe ont attaqué la position des FARDC (Forces armées de la RDC) à Kipese tôt ce samedi matin. Nous avons décroché pour éviter des dégâts collatéraux parce qu'ils se servent des civils comme bouclier humain", a déclaré à l'AFP le lieutenant Jules Tshikudi, un des porte-parole de l'armée dans la région.
"Il y a eu des blessés de part et d'autres. Nous nous organisons pour reprendre le contrôle de cette localité stratégique", a ajouté l'officier, sans préciser s'il y a eu des morts parmi les belligérants ou les civils. "Il n'y a pas d'affrontements en ce moment".
Kipese est aussi considérée comme la porte d'entrée de Lubero-centre, le chef-lieu du territoire de Lubero dans la province du Nord-Kivu.
Butembo et Beni, majoritairement habités par des Nande, sont des villes jumelles dont l'activité principale et le commerce avec l'océan Indien. Depuis octobre 2014, des massacres à répétition attribués à des rebelles musulmans ougandais de l'ADF (Alliance des forces démocratiques alliées) ont été enregistrés.
Depuis mi-juin, plusieurs groupes Maï-Maï tentent de contrôler des localités stratégiques de l'est de la RDC, affrontant l'armée régulière avec des armes lourdes et légères, selon les autorités locales et l'armée.
Les Maï-Maï sont des groupes "d’autodéfense" constitués sur une base essentiellement ethnique. Pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003), nombre de ces groupes ont été armés par le pouvoir pour combattre les envahisseurs ougandais ou rwandais. Certains n’ont jamais désarmé.
L'Est congolais, constellé de groupes armés nationaux et étrangers, est déchiré par plus de vingt ans de conflits armés, alimentés par des différends ethniques et fonciers, la concurrence pour le contrôle des ressources minières de la région et des rivalités entre puissances régionales.