Deux prêtres du diocèse de Beni-Butembo ont été enlevés dans la nuit de dimanche à lundi par des miliciens non encore identifiés dans l'est de la République démocratique du Congo, a-t-on appris de sources concordantes.
"Le curé Charles Kipasa et le vicaire Jean-Pierre Akili de la paroisse Marie reine des Anges de Bunyuka ont été enlevés dans la nuit de dimanche à lundi par des Maï-Maï qui les ont conduits vers le graben (les montagnes). Ils ont emporté aussi deux véhicules et deux motos", a déclaré à l'AFP Mgr Paluku Sikuli, évêque de Beni-Butembo dans le nord du Nord-Kivu.
"Je confirme l'enlèvement de deux prêtres de la paroisse catholique de Bunyuka par des personnes armées inconnues. Nos services de défense et de sécurité sont à pieds d’oeuvre pour les retrouver" a déclaré pour sa part à l'AFP Amisi Kalonda, l'administrateur du territoire de Béni, ajoutant que "les ravisseurs ont abandonné les deux véhicules qui les transportaient".
Les enlèvements sont courant dans cette partie de la RDC où des conflits intercommunautaires entre Nande, Hunde d'une part et les Hutu d'autre part sont courants. Les deux prêtres enlevés sont de l'ethnie Nande.
En 2012, dans ce territoire du Nord-Kivu, trois prêtres assomptionistes ont été enlevés près de Beni par de présumés rebelles musulmans ougandais de l'Alliance des Forces démocratiques (ADF). Depuis, on est sans nouvelles d'eux.
Les Hutu, rwandophones, sont considérés comme des étrangers par les communautés se considérant comme "autochtones", comme les Nande, les Hunde ou les Kobo, majoritaires dans la région du Nord-Kivu, d'où des rivalités ancestrales autour des terres et des richesses.
Les Maï-Maï sont des groupes d’autodéfense constitués sur une base essentiellement ethnique. Pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003), nombre de ces groupes ont été armés par le pouvoir pour lutter contre des combattants ougandais ou rwandais. Certains n’ont jamais désarmé.
L'est de la RDC, riche en minerais précieux, est une région instable depuis vingt ans. Plusieurs dizaines de groupes armés locaux et étrangers y commettent de graves exactions contre les civils (tueries, viols, enlèvements, etc) pour des raisons ethniques, foncières ou économiques.