Le numéro deux de l'opposition tanzanienne au Parlement a été inculpé pour "discours de haine" après avoir vertement critiqué le président tanzanien John Magufuli et son gouvernement, a-t-on appris mardi de source judiciaire et auprès de son parti.
Lors d'une conférence de presse le 17 juillet, le député Tundu Lissu avait qualifié le président Magufuli de "dictateur", l'accusant de vouloir museler l'opposition et d'avoir mis en place "un système basé sur le favoritisme, le népotisme, le tribalisme et le régionalisme".
Dénonçant les arrestations répétées de responsables du principal parti d'opposition, le Chadema, dont il est membre, M. Lissu avait également décrit un "climat de peur qui règne partout" et affirmé qu'"il est grand temps que nous élevions tous la voix".
M. Lissu, arrêté le 20 juillet à l'aéroport de Dar es Salaam, "a été présenté devant un juge hier (lundi), puis renvoyé en prison", a indiqué à l'AFP Saed Kubenea, un autre député du Chadema, selon lequel le tribunal se prononcera jeudi sur une demande de mise en liberté sous caution.
Selon un document de l'accusation dont l'AFP a obtenu copie, M. Lissu est accusé de "discours de haine" pour avoir utilisé lors de sa conférence de presse du 17 juillet "des mots injurieux qui incitent vraisemblablement à la haine ethnique".
La presse locale a rapporté que M. Lissu a plaidé non coupable lors de sa comparution lundi, pour laquelle il était accompagné d'une vingtaine d'avocats.
M. Lissu est le "chief whip" de l'opposition au Parlement, chargé à ce titre de faire respecter la discipline parmi les députés de ce groupe. Il est également bâtonnier de l'ordre des avocats de son pays.
Surnommé "Tingatinga" (bulldozer en swahili), le président Magufuli a lui marqué les esprits depuis sa prise de fonctions fin 2015 en se montrant inflexible dans la lutte contre la corruption. Mais son style peu consensuel et abrupt lui vaut d'être qualifié d'autocrate et de populiste par ses détracteurs, alors que la liberté d'expression est de plus en plus réduite dans le pays.
Des meetings de partis d'opposition ont été interdits, des journaux fermés, des journalistes et artistes molestés ou menacés de mort pour avoir critiqué la nouvelle administration. Début juillet, une députée du Chadema avait été arrêtée pour insulte au président.