L'ex-rébellion à dominante touareg du nord du Mali a pris sans combattre le contrôle de Ménaka, capitale d'une des cinq régions administratives du nord du pays, a-t-on annoncé samedi de sources concordantes.
L'entrée de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion) à Ménaka intervient deux jours après d'intenses combats autour de Kidal, plus au nord, entre la CMA et le Groupe d'autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, progouvernemental), qui ont subi de lourdes pertes.
Ces affrontements entre groupes pourtant signataires de l'accord de paix de mai-juin 2015, conclu sous l'égide d'une médiation internationale conduite par l'Algérie, ont compromis un nouveau calendrier d'application de certaines dispositions clé de cet accord, établi en juin.
Par ailleurs, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a reçu vendredi et samedi le chef de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, et son homologue malien, Abdoulaye Diop, a annoncé la diplomatie algérienne.
Vendredi soir, les combattants de la CMA avaient pris position à l'entrée nord de Ménaka, évacuée par le Gatia, selon les mêmes sources.
"Tôt ce matin (samedi), ils sont rentrés à Ménaka, où ils sont actuellement. Ils n'ont pas tiré de coup de feu", a affirmé à l'AFP un employé du gouvernorat de Ménaka, ville proche de la frontière avec le Niger.
"La situation est calme ce samedi à Ménaka. Des éléments qui se présentent comme +combattants de la Coordination des mouvements de l'Azawad+ sont dans la ville et sur les dunes qui l'entourent. Ils affirment vouloir prendre part à la sécurisation de la ville", a précisé à l'AFP un responsable local de la Minusma.
"Nos troupes contrôlent Ménaka. Nous n'avons pas tiré un seul coup de feu. Le Gatia a fui", a déclaré Alghabass Ag Intalla, un dirigeant de la CMA, frère de l'"amenokal" (chef élu par les sages) de la tribu des Ifoghas, joint à Kidal.
Il a estimé que cette intervention n'était "pas une violation du cessez-le-feu" puisque, selon lui, le Gatia n'avait "rien à faire à Ménaka".
Ménaka est depuis mars dirigée par une des autorités intérimaires prévues par l'accord de paix, présidée par Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed, du Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA).
Le MSA, issu d'une scission d'un groupe de la CMA en septembre, s'est ensuite rapproché du Gatia, menant notamment des patrouilles conjointes avec ce groupe dans la région de Ménaka.
En vertu de l'accord de paix, les autorités intérimaires doivent gérer les cinq régions administratives du Nord, en attendant l'élection par la population d'assemblées dotées de pouvoirs importants.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l'armée face à la rébellion, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.
Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré l'accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes mais dont l'application enregistre d'importants retards.