Le mouvement congolais de jeunes indignés Lutte pour le changement (Lucha) a appelé pour lundi à "une marche pacifique" sur toute l'étendue de la République démocratique du Congo (RDC) "pour dire non à la présidence à vie de M. Kabila et exiger les élections avant la fin de cette année".
Plusieurs coalitions et des personnalités d'opposition comme Moïse Katumbi ont apporté leur soutien à cet appel à "une marche pacifique", à l'expiration du délai sollicité par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de boucler l'opération d'enrôlement des électeurs au 31 juillet 2017.
Une dizaine de manifestants ont été interpelés par la police à Goma, capitale du Nord-Kivu, a constaté un journaliste de l'AFP. Mais, des manifestants continuaient à jeter des pierres sur des policiers et à ériger des barricades alors que la police réagissait par des tirs de gaz lacrymogènes pour les disperser.
A Butembo, toujours dans le Nord-Kivu, 11 militants ont été "brutalement interpelés, un parmi eux saigne", selon un prêtre.
Dans la capitale de la province du Sud-Kivu (est), Bukavu, des manifestants qui se rassemblaient sur la place de l'Indépendance ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes par la police.
Vers 11H00 (9H00 GMT) deux journalistes de la chaine de télévision privée "Canal futur" de Bukavu ont été malmenés, leurs matériels arrachés par la police et ils sont détenus dans un cachot. Un autre journaliste de la station locale de la Télévision d'État a été brièvement interpelé avant d'être relâché avec son matériel restitué.
La police anti-émeute a été déployée sur le boulevard Triomphal et au siège du parlement à Kinshasa, mégalopole de plus de 10 millions d'habitants. Des patrouilles pédestres et motorisées sont visibles sur les abords de cet endroit d'où devait partir la marche jusqu'au siège de la Céni.
A Lubumbashi (sud-est), toutes les activités se déroulent "normalement" malgré une présence policière et militaire "inhabituelle", selon plusieurs témoins interrogés par l'AFP.
Néanmoins, cinq personnes ont été interpelées lundi, après la prière dans une paroisse catholique "Regina Mundi" située non loin du bureau de la Céni. Le chef de la police de la province du Haut-Katanga, le colonel Paulin Kyungu, qui a confirmé ces arrestations, a précisé que parmi ces personnes se trouvaient quatre membres de Lucha.
Selon un journaliste de l'AFP, un journaliste de Radio Okapi, la radio onusienne en RDC, fait partie des personnes interpelées.
D'autres qui tentaient de forcer le barrage de la police ont été dispersés à coups de matraque, a témoigné à l'AFP Me Jonas Mulumba de l'ONG Justicia ASBL.
Des élections doivent être organisées d'ici à la fin de cette année, conformément à un accord conclu le 31 décembre 2016 sous l'égide de l’Église catholique.
Mais, le 7 juillet, le président de la Céni avait estimé qu'il n'était "pas possible" d'organiser les élections avant la fin de l'année en RDC.