Les présidents français et rwandais Emmanuel Macron et Paul Kagame se sont entretenus à New York lundi en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, une rencontre peu courante entre les dirigeants des deux pays dont les relations sont empoisonnées par le génocide rwandais de 1994.
La présidence rwandaise a indiqué dans un tweet que les deux hommes ont discuté de "collaboration sur des questions d'intérêt mutuel, dont la paix et la sécurité en Afrique".
Le Rwanda accuse depuis des années la France, à l'époque soutien du régime extrémiste hutu rwandais à l'origine du génocide de 1994, de participation aux massacres qui ont fait en à peine 100 jours, à partir d'avril 1994, environ 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi.
La relation houleuse entre les deux pays a pris un nouveau tournant depuis que la justice française a rouvert une enquête en octobre 2016 sur l'assassinat du président de l'époque Juvénal Habyarimana, considéré comme l'élément déclencheur du génocide.
L'affaire avait été rouverte pour entendre le témoignage d'un ancien chef d'état-major rwandais accusant Paul Kagame d'être l'instigateur de l'assassinat de M. Habyarimana.
Selon l'analyste politique rwandais Christopher Kayumba, la rencontre entre MM. Kagame et Macron est "un bon signe qui suggère que leur relation pourrait être meilleure qu'avec les précédents présidents français".
La France, qui était alliée du régime hutu de Juvénal Habyarimana, est accusée par Kigali d'avoir ignoré les signes montrant qu'un génocide était imminent et d'avoir entraîné les soldats et les miliciens qui ont par la suite perpétré les massacres.
Au moment du génocide, la France a été accusée d'avoir utilisé ses moyens diplomatiques pour bloquer toute action, et quand elle a finalement envoyé sur place ses soldats elle a été accusée de l'avoir fait pour contrecarrer la progression des forces tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), qui ont pris ensuite le pouvoir.
Paris a maintes fois répondu que le déploiement de ses soldats avait fait cesser les assassinats et avait permis de sauver des milliers de vies humaines. Les responsables français assurent aussi que la responsabilité de ne pas avoir empêché le génocide doit être partagée par l'ensemble de la communauté internationale.