Le Bangladesh a détruit une trentaine de bateaux pour dissuader leurs pilotes de faire passer des réfugiés rohingyas et de la méthamphétamine de Birmanie, ont annoncé jeudi les autorités locales.
Les gardes-côtes ont saisi les embarcations et arrêté leurs capitaines lors d'opérations d'interceptions mardi soir sur la rivière Naf, qui démarque à cette endroit la Birmanie du Bangladesh.
"Les bateliers ont aussi été pris en possession d'environ 100.000 pilules de yaba" ("la drogue qui rend fou"), une méthamphétamine de plus en plus populaire au Bangladesh, a déclaré un responsable des gardes-frontières.
Plus d'un demi-million de musulmans rohingyas ont trouvé abri depuis fin août au Bangladesh pour fuir ce que l'ONU considère comme une épuration ethnique.
"On nous a demandé de détruire les 30 bateaux. Ce sont des bateaux à traction manuelle, qui fonctionnent sans moteur" pour éviter d'être détectés, a précisé à l'AFP un garde-frontière sous couvert d'anonymat.
39 personnes, principalement des Rohingyas installés au Bangladesh, ont écopé de peines de six mois de prison pour avoir extorqué de l'argent aux réfugiés pour franchir la Naf.
Les passeurs pouvaient demander jusqu'à 250 dollars par tête, contre environ 10 dollars en temps normal.
L'unité d'élite Rapid Action Battalion (RAB) a secouru cette semaine 20 Rohingyas retenus en otage par des gangs qui leur demandaient une rançon.
Certains réfugiés arrivés ces derniers jours à Shah Porir Dwip, pointe sud du Bangladesh, ont raconté à l'AFP avoir dû donner or, bijoux et argent aux trafiquants pour pouvoir quitter la Birmanie.
Au 30 septembre, 509.000 réfugiés rohingyas étaient passés au Bangladesh depuis fin août, selon des chiffres de l'ONU.
Ils fuient une campagne de répression de l'armée birmane consécutive à des attaques de la rébellion rohingya le 25 août.
Les Rohingyas, plus grande population apatride au monde, sont traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste.