Le gouvernement cambodgien a demandé vendredi à la Cour suprême de dissoudre le principal parti d'opposition, pour "éviter la dissolution de la Nation", à quelques mois de législatives prévues en juillet 2018, dont la crédibilité est mise en question.
"Il y a suffisamment de preuves pour que la Cour suprême dissolve le CNRP", a déclaré Ky Tech, avocat représentant le gouvernement, après avoir déposé une demande officielle devant la plus haute autorité judiciaire du pays.
"Si nous conservons (ce parti), cela conduira à la destruction de la nation, alors nous devons l'éviter", a ajouté le représentant du gouvernement de Hun Sen, qui se maintient au pouvoir depuis plus de trente ans et a la main sur le système judiciaire.
Le motif légal invoqué par le gouvernement est que le CNRP est une menace à la sécurité nationale et oeuvre "contre les intérêts du pays". Son président, Kem Sokha, est en prison depuis début septembre, accusé d'espionnage au profit de Washington.
L'équipe d'avocats du gouvernement utilise les mêmes "preuves" que dans l'affaire d'espionnage ouverte contre Kem Sokha: un discours qu'il a prononcé en 2013 en Australie, dans lequel il expliquait voyager à l'étranger pour expliquer sa cause.
Depuis, il se passe rarement un jour sans que Hun Sen ne se lance dans des diatribes anti-américaines, accusant Washington d'utiliser l'opposition pour opérer une "révolution de couleur" en juillet 2018.
Le 11 septembre, Hun Sen avait menacé l'opposition de dissolution, après que des députés frondeurs avaient boycotté le Parlement pour aller manifester devant la prison isolée où est détenu Kem Sokha.
"Si le parti continue de protéger ce traître, cela veut aussi dire que leur parti est traître", avait déclaré Hun Sen, évoquant déjà "la dissolution du parti".
Les législatives de juillet 2018 sont un test majeur pour Hun Sen: l'opposition a réalisé une percée remarquée aux élections municipales de juin, un signe inquiétant pour celui qui est au pouvoir depuis la chute des Khmers rouges.
Avec cette probable dissolution du CNRP, dont les chefs de file sont en prison ou en exil pour échapper à la prison, Hun Sen aura le champ libre pour les législatives.