La force de l'ONU en Centrafrique, la Minusca, mène depuis samedi une opération militaire de "grande envergure" dans une ville du nord-ouest du pays pour en chasser un groupe armé local, annonce la force onusienne.
"Suite à l'ultimatum lancé par le commandant de la Minusca le 30 septembre dernier, la Force a lancé ce samedi matin une opération militaire de grande envergure à Bocaranga (500 km de Bangui), destinée à expulser les éléments du groupe armé 3R de la ville et y rétablir la sécurité", indique un communiqué de l'organisation onusienne.
"Outre Bocaranga qui avait été le théâtre de récentes violences, l’opération de la Minusca devra également toucher la localité de Bang (nord-ouest)", précise le communiqué.
La force onusienne "a engagé des moyens importants, y compris des hélicoptères", dans cette opération "qui se déroule dans le strict respect du droit et des conventions internationales", souligne le texte.
"Les objectifs initiaux de l’opération ont été atteints et l’effort en cours vise à sécuriser la ville et ses environs afin d’empêcher le retour à Bocaranga des 3R et d’autres éléments et groupes armés, y compris les anti-Balaka", affirme la Minusca, qui dit "assurer également la protection de la population civile dont une partie à trouvé refuge autour de sa base sous la garde vigilante des casques bleus".
La force onusienne ne donne aucune autre précision ni bilan humain.
Cette opération fait suite aux affrontements entre éléments du groupe baptisé "3R" (pour "Retour, Réclamation et Réhabilitation") et un groupe d'anti-balaka, qui avaient secoué Bocaranga les 22 et 23 septembre. Selon des sources militaire et humanitaire, au moins deux personnes avaient été tuées et quelque 23.000 personnes avaient fui la ville et les localités alentours.
Apparu fin 2015 dans le nord-ouest de la Centrafrique, le groupe 3R prétend protéger la communauté peule contre les attaques des milices anti-balaka.
La Centrafrique est en proie depuis 2013 à des violences intercommunautaires, après le renversement la même année de l'ex-président François Bozizé par les milices Séléka prétendant défendre la minorité musulmane, ce qui avait entrainé une contre-offensive des antibalaka majoritairement chrétiens.
L'intervention de la France (2013-2016) et celle de la Minusca (12.500 hommes) ont certes permis un retour au calme, mais, depuis le départ de la force française Sangaris, les violences ont progressivement repris dans les provinces qui restent majoritairement contrôlées par les groupes armés.
Ceux-ci s'affrontent pour le contrôle des ressources naturelles (diamants, or, bétail...) et dans d'intenses luttes politiques pour accéder aux maigres ressources du pouvoir, dans l'un des pays les plus pauvres du monde.
Mi-septembre, le nombre de réfugiés et de déplacés ayant fui les violences en Centrafrique a atteint son "plus haut niveau" avec 1,1 million de personnes sur 4,5 millions d'habitants.