Des victimes du régime de l'ancien président gambien Yahya Jammeh, soutenues par des ONG locales et internationales, ont annoncé samedi le lancement d'une "campagne internationale" pour qu'il soit traduit en justice, mais prévenu que cela pourrait prendre des années.
Yahya Jammeh, un ancien militaire, a dirigé d'une main de fer ce petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest enclavé dans le Sénégal de 1994 à janvier 2017. Il vit aujourd'hui en exil en Guinée équatoriale.
Son régime est accusé par les défenseurs des droits de l'homme d'avoir eu recours à des actes systématiques de torture contre des opposants politiques et des journalistes, à des exécutions extra-judiciaires, à des détentions arbitraires et à des disparitions forcées.
"Nous ferons tout ce qu'il faudra pour obtenir justice, quel que soit le temps qu'il faudra", a déclaré Fatoumatta Sandeng, porte-parole de la campagne et fille de Solo Sandeng, opposant à Jammeh décédé en avril 2016 alors qu'il était détenu par la défunte Agence nationale du renseignement (NIA, l'instrument de répression du régime Jammeh),
"La seule chose qui compte est que Jammeh et ses complices rendent des comptes", a ajouté Mme Sandeng, citée dans un communiqué de l'ONG Human Rights Watch (HRW).
La campagne réclamera l'extradition de M. Jammeh pour qu'il soit jugé en Gambie, mais estime qu'il faudra peut-être plusieurs années avant que le pays règle ses problèmes politiques, de sécurité et institutionnels avant d'être en mesure d'organiser un procès équitable qui soit un "encouragement pour l'état de droit en Gambie", selon le communiqué.
"Cette campagne envoie un message fort: aucun dictateur africain, aucun dirigeant soupçonné de crimes contre l'humanité, ne doit se croire au-dessus des lois ou à l'abri de la justice", a déclaré dans un communiqué séparé un autre responsable de la campagne, Mohamed Bouamatou, homme d'affaires mauritanien et président de la Fondation pour l'égalité des chances en Afrique.
En décembre 2016, M. Jammeh a refusé de reconnaître sa défaite à l'élection présidentielle, face à l'opposant Adama Barrow. Il s'est finalement résolu à quitter le pouvoir et le pays à la suite d'une intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et d'une ultime médiation guinéo-mauritanienne.