Les autorités soudanaises détenaient jeudi un journaliste de l'Agence France-Presse arrêté la veille alors qu'il couvrait les manifestations contre la hausse des prix du pain qui ont été dispersées par la police.
Abdelmoneim Abu Idris Ali, 51 ans, qui travaille pour l'AFP à Khartoum depuis près d'une décennie, couvrait une manifestation contre la hausse des produits alimentaires mercredi à Oumdurman, ville voisine de la capitale soudanaise.
Quelque 200 manifestants ont été dispersés par la police anti-émeutes à coup de gaz lacrymogène.
Idris Ali n'a pu être joint après cette manifestation et les autorités soudanaises ont informé jeudi le bureau de l'AFP de son arrestation avec deux autres journalistes, dont un travaillant pour l'agence Reuters.
Il était détenu dans un centre du Service national du renseignement et de la sécurité (NISS).
Dans un premier temps, les autorités ont indiqué que M. Idris Ali serait libéré dans quelques heures. Jeudi, 24 heures plus tard, il était toujours en détention.
Les autorités ont indiqué que les trois journalistes "faisaient toujours l'objet d'une enquête", sans fournir d'autres détails.
"La Direction de l’AFP condamne fermement l’arrestation de M. Idris Ali et demande aux autorités soudanaises sa remise en liberté immédiate", a indiqué l'agence dans un communiqué.
Le récent doublement du prix du pain, après la décision du gouvernement de confier les importations céréalières au secteur privé, a suscité un vif mécontentement au sein de la population. Des manifestations contre la hausse des prix ont lieu depuis le début du mois et sont réprimées par la police.
A la suite d'un rassemblement -le plus important depuis le début de la crise-, des agents du NISS ont arrêté mercredi le secrétaire général du Parti communiste soudanais, l'une des plus vieilles formations du monde arabe, Mokhtar al-Khatib.
Le Soudan avait été le théâtre en 2016 d'un mouvement de protestation après la décision des autorités de réduire les subventions sur le carburant, mesure qui avait entraîné une forte hausse des prix.
Le régime avait rapidement réprimé ce mouvement afin de ne pas voir se reproduire les heurts sanglants de 2013, déjà liés à une précédente réduction des subventions sur l'essence et qui avaient fait des dizaines de morts, selon des groupes des droits de l'Homme