OPINION

La semaine de la justice transitionnelle : des attentes au Mali, en Gambie et Tunisie

La semaine de la justice transitionnelle : des attentes au Mali, en Gambie et Tunisie©CPI/ICC
Al Hassan devant la CPI
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La comparution devant la Cour Pénale Internationale de l’ancien chef de la police islamiste à Tombouctou (Nord du Mali) a marqué la semaine de la justice transitionnelle.

« Al Hassan » est poursuivi pour « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » par la CPI où il a été transféré du Mali le 31 mars. La société civile malienne s’est félicitée de la comparution de ce deuxième islamiste après la condamnation par la CPI d’Ahmad Al-Faqi Al-Mahdi, alias « Abu Turab »,pour la destruction du patrimoine historique de Tombouctou pendant l’occupation d’An sardine. La Cour de la Haye se penche finalement sur les graves violations des droits de l’homme et surtout des femmes pendant l’occupation du nord-Mali par les groupes islamistes après avoir donné l’impression de s’intéresser surtout au patrimoine religieux de la ville. Mais cette satisfaction est teintée d’amertume, écrit le correspondant de JusticeInfo.net à Bamako, Bokar Sangaré. « Le transfèrement à la CPI de Al Hassan, après celui de Al Faqi, aux yeux de beaucoup, apparaît comme l’arbre qui cache la forêt des insuffisances du système judiciaire malien. A Tombouctou, des voix s’élèvent pour dénoncer le fait que d’anciens membres de la police soit toujours en liberté. « Al Hassan est un petit poisson qui va payer à la place des gros poissons. », confie une habitante de Tombouctou ».

Même inquiétude en Gambie, où les victimes de la dictature de Jammeh se disent ignorées par le nouveau pouvoir du Président Adama Barrow élu en 2016. Maxime Domegni, envoyé spécial de JusticeInfo.net en Gambie, écrit : « Suppliciées par l’ancien régime, les victimes ne se sentent pas assez soutenues par la nouvelle administration. « Ils n’ont aucune sympathie envers nous », accuse Zeynab Lowe, dont le frère, militaire, a disparu après son arrestation en 2006 dans une obscure affaire de coup d’Etat manqué ». 

Gambie

Réunies dans un « Centre des victimes de violation des droits de l’Homme en Gambie », les victimes estiment que le gouvernement ne prend pas au sérieux leurs préoccupations alors que des milliers de Gambiens ont souffert dans leur chair des 22 ans de dictature. Les responsables de ce centre disent n’avoir été reçus que quelques minutes par un Président Barrow indifférent alors qu’un ministre s’est opposé à la création d’une Commission Vérité.

Même régression en Tunisie selon le chercheur Eric Gobe, de l’Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain (IRMC) rattaché au CNRS, pour qui « le récit « contre-révolutionnaire » tenu par les élites de l’ancien régime s’impose de plus de plus dans l’espace public ». Et d’expliquer : « Les projets de loi sur la réconciliation économiques et financières, puis la loi relative à la réconciliation administrative et aujourd’hui le refus parlementaire de prolonger le mandat de l’Instance Vérité Dignité montrent que les gouvernants souhaitent mettre fin le plus rapidement possible à l’action de la commission vérité tunisienne ».