Au cours de la semaine qui s’achève, l’actualité de la justice transitionnelle a été marquée par la poursuite, en République démocratique du Congo (RDC), du procès de l’ex- chef de guerre Maro Ntumwa et la condamnation, aux Etats-Unis, de l’ancien rebelle libérien Mohammed Jabateh, coupable de parjure.
Ouvert le 13 avril devant un tribunal militaire du Sud-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo, le procès pour crimes contre l’humanité de l’ex-chef de milice Maro Ntumwa, dit « Marocain », s’est poursuivi au cours de la semaine qui s’achève. L’accusé répond de faits de « viol, esclavage sexuel, pillage, attaque contre la population civile et contre des bâtiments consacrés à la religion » commis entre 2005 et 2007, rapporte Claude Sengenya, le correspondant de JusticeInfo.Net en RDC.Net. A l’époque, Maro Ntumwa était bras droit de Bedi Mobuli Engengela, dit « colonel 106 », un ex-chef de milice mai-mai, déjà condamné par la justice militaire.
Pour Maître Sylvestre Bisimwa, porte-parole du collectif des avocats qui défendent les victimes, ce procès est « un signal fort adressé aux auteurs et potentiels auteurs de crimes ».
Condamnation aux Etats-Unis
Un autre ancien chef de guerre africain était sous le feu de l’actualité cette semaine : le Libérien Mohammed Jabateh, immigré aux Etats-Unis, après avoir caché son passé, entre 1992 et 1995, au sein de l’ULIMO (United Liberation Movement of Liberia for Democracy). Surnommé "Jungle Jabbah", l'ex-chef rebelle, 51 ans, a été condamné jeudi à 30 ans de prison à Philadelphie, un jugement inédit lié à la guerre civile au Libéria, de 1989 à 2003. En octobre 2017, il avait été reconnu coupable de parjure pour avoir menti aux autorités américaines dans le cadre de sa demande d'asile en 1998. Sans le poursuivre pour les crimes commis au Libéria, le procureur américain a cependant cité des témoins qui ont relaté sa responsabilité dans des crimes graves: meurtres, viols et cannibalisme.
« On a affaire à une justice de vengeance »
En Côte d’Ivoire, des familles de détenus d’opinion dénoncent une justice de vengeance, sept ans après la chute et l’arrestation de l’ex-président Laurent Ggagbo, aujourd’hui en procès à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Selon l’Association des femmes et familles des détenus d’opinion en Côte d’Ivoire (AFFDO), citée par Maxime Domegni, correspondant de JusticeInfo.Net en Afrique Occidentale, 300 prisonniers politiques croupissent dans les prisons du pays. La présidente de l’association, Désirée Douati, elle -même ex- détenue, affirme que ces détenus sont malades et ne bénéficient d’aucune prise en charge médicale. « On a affaire à une justice de vengeance. Et on ne construit pas une réconciliation dans la vengeance. (…) Quand le président Laurent Gbagbo a été arrêté, les personnes qui ont pris le pouvoir avaient la charge de nous réconcilier. Mais ces personnes ont décidé de nous torturer, de nous martyriser », accuse Mlle Douati.
Des allégations que rejette le Procureur général près la Cour d’Appel d’Abidjan, Lebry Marie-Léonard. « La justice des vainqueurs, je ne connais pas ça. La justice ne s’accommode pas d’épithète ».
Mémorial du génocide arménien
Cap enfin sur Genève où JusticeInfo.Net revient sur le tout nouveau mémorial du génocide arménien. Comme l’écrit Frédéric Burnand, cette œuvre de l’artiste Melik Ohanian « rend hommage aux Arméniens massacrés il y a plus d’un siècle en Turquie et aux très nombreux Suisses qui se sont mobilisés en leur faveur dès les premiers massacres ». « Constitué de neuf lampadaires disséminés dans un parc public avec une larme à la place de l’ampoule », le mémorial « exprime en premier lieu le destin des Arméniens suppliciés, de leurs descendants et de tous ceux qui leur ont porté secours, en particulier à Genève ».