La justice transitionnelle n’est pas affaire seulement de texte et de processus juridiques. Cette semaine, JusticeInfo a décidé de présenter les acteurs et militants de la transition et de la cause gay à travers le travail photographique d’Héla Ammar.
Mais, l’artiste a su détourner ces visages connus et reconnus en Tunisie en enveloppant leur visage d’un foulard coloré, ne laissant apparaitre que leur corps.
Olfa Belhassine, la correspondante de JusticeInfo à Tunis, écrit : « Héla Ammar conjugue ses préoccupations d’artiste politiquement engagée pour la liberté, l’égalité et la dignité, à un ancien travail en studio sur les codes de l’imagerie orientaliste ».
Et Héla Ammar d’expliquer : « Ici, je leur ai demandé de renoncer à la notoriété que leur visage et leur identité véhiculent et de laisser leur corps raconter leur propre histoire. Ensemble, ils donnent un aperçu de ce qui se joue dans une société comme la notre. Ensemble, ils forment un tableau vibrant d’une génération à fleur de peau dont le langage défie les préjugés du temps et de l’espace ».
La Libye voisine est loin de cette transition riche mais malgré tout prometteuse en dépit de ses accrocs et chaos. Une nouvelle fois, la procureure de la CPI a présenté son rapport semestriel sur ce pays toujours inapaisé devant le Conseil de sécurité. La CPI a été mandatée par ce Conseil pour enquêter sur les crimes commis durant la révolution de 2011 mais Fatou Bensouda a dit avoir ouvert aussi des enquêtes sur les crimes commis depuis notamment à l’encontre des immigrants. Mais la tâche des enquêteurs de la Cour est limitée par le manque de coopération des nombreuses autorités libyennes concurrentes et par la difficulté d’accéder et d’y travailler. Pour la première fois, une équipe de la Cour a pu enquêter en mars dernier. Mais, écrit notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas : « Comme lors de ses précédentes interventions au Conseil de sécurité, Fatou Bensouda a asséné que « sans l’arrestation et la remise des suspects, la cause de la justice pénale internationale en Libye et la raison d’être même de la résolution 1970 seront minés ».
Omar Al Bachir
Même préoccupation pour la CPI avec le Président du Soudan qui se promène de par le monde bien que suspecté de génocide et de crimes contre l’humanité au Darfour depuis 9 ans et poursuivi à ces titres par la Cour. Après l’Afrique du Sud, c’est au tour de la Jordanie qui elle aussi a failli à ses obligations d’arrêter le Président soudanais. Mais, la question de l’impunité d’un Président n’est pas tranchée et la Cour a tenté de placer les états-membres et signataires du Traité de Rome devant leur responsabilité. JusticeInfo écrit : « les magistrats de la CPI ont donc décidé de mener une large consultation, invitant ses 123 Etats parties, l’Union africaine, l’Union européenne, la Ligue des Etats arabes et l’Organisation des Etats américains ainsi que les universitaires à se prononcer. La Cour invite aussi, bien évidemment, l’Onu, dont le Conseil de sécurité l’avait saisi, en mars 2005, des crimes commis au Darfour ».
Mais, devant ce « sujet sensible », personne ne s’est mouillé et seul un pays, le Mexique, a répondu.
Omar Al Bachir pourra continuer à voyager.