A la veille du 4ème anniversaire du coup d'Etat militaire en Thaïlande, trois politiciens d'opposition de premier plan, dont un ancien ministre, ont été mis en examen lundi pour "sédition" après avoir donné une conférence de presse.
Parmi eux, Chaturon Chaisang, ministre de l'Education du gouvernement renversé le 22 mai 2014 par l'armée. Cinq autres responsables du principal parti d'opposition, le Pheu Thai, ont aussi été mis en examen pour non-respect de l'interdiction de réunion politique.
Tous se sont présentés lundi au département de "suppression des crimes" de la police, soutenus par quelque 150 manifestants les encourageant en criant "battez-vous".
"Ils ont été convoqués pour s'entendre signifier les charges portées contre eux jeudi" par la junte au pouvoir, a expliqué devant la presse le chef-adjoint de la police, Srivara Rangsibhramanakul.
La semaine précédente, le Pheu Thai avait en effet organisé une conférence de presse au siège du parti et les trois hommes y avaient dénoncé le report incessant des élections, promises pour février 2019.
L'interdiction d'organiser des rassemblements politiques n'a cependant toujours pas été levée, empêchant l'opposition de se préparer.
"Ce gouvernement abuse des lois. Ils utilisent la législation pour empêcher les gens de les critiquer", a commenté lundi Phumtham Wechayachai, secrétaire général du Pheu Thai.
Mardi, pour marquer le quatrième anniversaire du coup d'Etat, des étudiants soutenant l'opposition ont prévu de marcher sur le siège du gouvernement, depuis le campus de l'université Thammasat, bastion historique des révoltes étudiantes.
Les autorités ont prévenu qu'elles mettraient en place une "zone d'accès restreint" autour du bâtiment.
Des opposants comme le politologue Titipol Phakdeewanich ont fait état de pressions pour empêcher la mobilisation dans le nord-est du pays, bastion des Chemises rouges, puissant mouvement populaire pro-Pheu Thai.
Titipol a lui même reçu un appel des autorités militaires, s'enquérant de sa participation à la manifestation de mardi.
"Des militaires se rendent dans les villages et demandent aux gens de ne pas se rendre" à la manifestation, accuse-t-il.
Le gouvernement militaire n'était pas joignable pour commentaire lundi.
Les deux principales figures du Pheu Thai, les anciens Premiers ministres Yingluck et Thaksin Shinawatra, vivent en exil pour échapper à des poursuites qu'ils dénoncent comme politiques.
Le parti des Shinawatra, qui a remporté tous les scrutins nationaux depuis 2001, continue cependant de représenter la principale force d'opposition du pays.
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