Le Soudan du Sud, théâtre depuis près de cinq ans d'une guerre civile dévastatrice dont les deux principaux protagonistes doivent se rencontrer mercredi à Addis Abeba, est le plus jeune Etat du monde, à l'économie ruinée par le conflit.
Indépendant depuis 2011, le pays a plongé fin 2013 dans un conflit provoqué par la rivalité entre le président Salva Kiir et Riek Machar, qui a fait des dizaines de milliers de morts, près de quatre millions de déplacés et provoqué une grave crise humanitaire.
- Economie en ruine -
L'économie a pâti de la baisse des cours du pétrole et de l'impact de la guerre sur sa production pétrolière, de nombreuses infrastructures ayant été endommagées.
Juba, qui a hérité à son indépendance des trois quarts des réserves pétrolières du Soudan, reste aussi tributaire des infrastructures du Nord (raffineries et oléoducs) pour l'exportation.
Avant l'indépendance, le pays produisait 350.000 barils par jour, selon la Banque mondiale. Ce chiffre est aujourd'hui tombé à 125.000 par jour.
L'inflation a atteint environ 500% en 2016, avant de décélérer à 155% en 2017, et la livre sud-soudanaise s'est effondrée.
En 2017, une partie du pays a connu quatre mois de famine, qui a affecté environ 100.000 personnes.
Selon l'ONU, 7 millions de Sud-Soudanais, soit plus de la moitié de la population, vont avoir besoin d'une aide humanitaire en 2018.
- Guerre contre le Nord musulman -
Avant l'indépendance du Soudan du Sud, deux conflits ont opposé les forces du Nord arabo-musulman (actuel Soudan) aux rebelles du Sud à majorité chrétienne et animiste (actuel Soudan du Sud) et ont fait des millions de morts.
Le processus d'indépendance du Soudan en 1956 provoque une première guerre dans le Sud contre la domination du Nord. Des accords en 1972 mettent fin au conflit, octroyant au Sud un statut d'autonomie.
Mais en 1983, Khartoum révoque ces accords, déclenchant une nouvelle guerre Nord/Sud. John Garang, de l'ethnie Dinka, fonde l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA).
En janvier 2005, le pouvoir soudanais et la rébellion sudiste signent un accord de paix.
- Plus jeune Etat du monde -
Le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud proclame son indépendance, six mois après avoir voté la sécession avec le Nord à près de 99%. Salva Kiir prête serment comme premier président.
La communauté internationale, Etats-Unis, Chine, Russie et Union européenne en tête, ainsi que le Soudan, reconnaissent rapidement ce nouveau pays africain.
- Frères ennemis -
Salva Kiir et Riek Machar sont liés par un combat commun au sein de la rébellion contre Khartoum avant l'indépendance, mais séparés par des rivalités ethnique et politique.
Les deux dirigeants sont issus des deux principaux groupes ethniques du pays, les Dinka pour M. Kiir, les Nuer pour M. Machar.
- Crimes contre l'humanité -
En décembre 2013, le pays bascule dans la guerre civile lorsque Salva Kiir accuse son rival d'avoir fomenté un coup d'État, ce que Riek Machar nie, et des combats éclatent au sein de l'armée nationale, minée par des dissensions.
Les combats, émaillés de massacres entre Dinka et Nuer, s'étendent à plusieurs Etats.
En 2015, un accord de paix permet à M. Machar d'être réinstallé au poste de vice-président et de revenir à Juba. Mais après des combats à Juba en juillet 2016, il fuit le pays.
En février 2018, une Commission onusienne des droits de l'Homme a identifié 41 hauts responsables en vue de poursuites pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, dont des viols et meurtres à caractère ethnique.