A la Bibliothèque Nationale de Tunis se dérouleront les 27 et 28 juin les journées d’un colloque international dédié à la justice des temps de transition.
En Tunisie, où une expérience de justice transitionnelle a démarré à la suite de la Révolution du 14 Janvier 2011, les résistances à cette justice particulière, très tôt enjeu de transactions et d’instrumentalisation politiques, se sont déclarées durant plusieurs cycles du processus. Les plus virulentes des menaces sur cette justice des temps de transformations politiques apparaissent au moment de la campagne présidentielle de l’automne 2014. On y enregistre le poids du parti Nidaa Tounes (l’Appel de la Tunisie) fondé par Béji Caied Essebsi en juin 2012, formé en partie par les hommes de l’ancien régime de Ben Ali. Le candidat aux présidentielles, BCE, lui-même membre de l’ancienne élite, y promet une « réconciliation avec le passé »…Au delà d’une adhésion très limitée des autorités actuelles au processus de justice transitionnelle, sous d’autres cieux, l’expérience tunisienne à ce sujet est considérée comme digne d’intérêt, innovante et, malgré les menaces et les risques, pleine de promesses. Quatre panels et une table ronde
C’est dans ce contexte que la Fondation Hirondelle, qui a fondé en 2015 notre site Justiceinfo.net et l’Université de Warwick en Angleterre organisent les 27 et 28 juin à la Bibliothèque Nationale un colloque international intitulé : « Justice&transition: la Tunisie à la croisée des chemins ». Le colloque réunira les activistes de la justice transitionnelle en Tunisie, les associations de victimes, des juristes et des politologues de renom ainsi que des universitaires tunisiens et britanniques menant des recherches sur ce thème. Des hommes politiques et des journalistes se prononceront également sur les enjeux de la justice transitionnelle dans le premier pays du « Printemps arabe ».
Plusieurs panels se succéderont, explorant les différents types de résistance rencontrés le long des dernières années, qu’ils soient d’ordre juridique, émanant de la sphère médiatique, liés au politique, ou plus profondément ancrés dans l’identité collective.
Divisé en quatre panels et une table ronde, les intervenants répondront à de interrogations tel que : Quels types de rapports de force entre les formations politiques ont régné depuis la rédaction de la loi sur la justice transitionnelle jusqu'à aujourd’hui ? Comment les lois peuvent-elles devenir un instrument d’impunité, d’amnistie d’un personnel administratif corrompu et de résistances aux changements des institutions post 14 janvier 2011 ? Comment les médias ont-ils couvert la justice transitionnelle ? L’oubli est-il le meilleur moyen de tourner la page d’un passé collectif dérangeant ? Quels sont les mécanismes qu’utilisent une société et des individus pour faire du déni par rapport aux violations du passé ?Les échanges autour de ces différentes thématiques, qui restituent quelque par l’évolution d’un processus, promettent d’être riches et fructueux.