Assoiffés de justice, de paix et de réconciliation, des Centrafricains de tout bord sont vent debout contre un message appelant les Chrétiens à venger la mort de prêtres et fidèles tués ces derniers jours dans le pays. Le message en question, un communiqué signé d’une certaine « Ligue de défense de l’Eglise », jusqu’alors inconnue en Centrafrique, « prétend dénoncer l'immobilisme des autorités nationales et des responsables de l'Eglise catholique face aux violences à l'endroit des prêtres, religieux, pasteurs », selon Radio Ndeke Luka. Faisant état d’assassinats perpétrés « au vu et au su de tout le monde », le communiqué appelle les chrétiens à la vengeance.
Eglise catholique, organisations musulmanes, associations de journalistes et autres membres de la société civile se sont levés comme un seul homme pour dénoncer cet appel à la haine. « Les projets que cette ligue prétend réaliser sont contraires à l'évangile, aux aspirations de l'Eglise et à son engagement ici en Centrafrique », écrit le secrétaire général de la Conférence des Evêques catholiques de Centrafrique (CECA), le Père Joseph Tanga Koti, cité par Radio Ndeke Luka. « Il y a toujours les ennemis de la paix qui voudraient créer un conflit entre les chrétiens et les musulmans pour conclure qu'en Centrafrique, chrétiens et musulmans ne peuvent plus vivre ensemble », ajoute le porte-parole de la CECA, appelant les fidèles à la vigilance.
Autre pays en quête de justice et de réconciliation, le Mali, où se déroule depuis le 7 juillet une campagne électorale sans enthousiasme, dans certaines régions, notamment dans le nord toujours en proie à l’insécurité malgré la signature en 2015 d’un accord de paix censé y ramener la paix. Une vingtaine de candidats briguent la magistrature suprême du Mali, dont le sortant Ibrahim Boubacar Keita, candidat du Rassemblement pour le Mali (RPM), et le chef de file de l’opposition Soumaila Cissé, porte-drapeau de l’Union pour la République et la démocratie (URD). La communauté internationale s’attend à ce que ce scrutin puisse sauver de l’enlisement l’accord de paix inter-malien signé au terme de longues et laborieuses négociations à Alger. La mise en œuvre de l’accord piétine en raison surtout d’affrontements récurrents entre mouvements signataires.
Un courrier à Federica Mogherini
Sur le continent européen, 34 députés du parlement de Strasbourg ont demandé, dans un courrier adressé le 29 juin à Federica Mogherini, cheffe de la diplomatie européenne, la désignation, d’urgence, d’un représentant spécial de l’UE pour le droit humanitaire international et la justice internationale, comme le rapporte Stéphanie Maupas, notre correspondante à La Haye. Les signataires suggèrent que la décision soit prise pour les vingt ans de l’adoption du traité de la Cour pénale internationale, le 17 juillet. Ces parlementaires souhaitent que l’Europe prenne le leadership pour faire respecter le droit international humanitaire. Ils notent « des reculs profondément inquiétants » et estiment que « sans intensifier les efforts visant à promouvoir le respect du droit international humanitaire et à poursuivre sans relâche la justice pour les victimes, il existe un risque réel que l’impunité devienne la nouvelle norme ». Pour ces élus, il manque un interlocuteur capable d’engager l’Europe dans les débats aux Nations unies ou dans les enceintes multilatérales.
Huit jours après réception de la lettre, Federica Mogherini n’avait toujours pas répondu à ces parlementaires, dont l’appel semble ne pas convaincre. « Nous avons des représentants spéciaux régionaux dont les mandats se chevauchent en partie », explique à Justice Info une porte-parole de l’Union européenne, montrant que la question de la justice internationale n’est pas considérée comme une question globale par la diplomatie européenne.